Sunday, March 18, 2007

Le « dialogue islamo-chrétien »



Le « dialogue islamo-chrétien » :
débat sur le non sens, ou non sens du débat ?


(Une franche réponse aux thèses du Professeur Moussadaq Jlidi)


L’article du prof. Mussadaq Jlidi « Les fils d’Abraham et l’héritage du livre sacré », publié en ligne a été retiré du site du Groupe de Recherches Islamo Chrétien de Tunis ; on est donc exonéré à (lui) poser à nouveau la question que le titre même de l’article pose au préalable. « Des débuts différents à la fin égale ? ». A part la légitime curiosité de connaître les raisons de ce retrait, après le débat que j’avais essayé d’y entamer, il faut préciser que notre intérêt de l’examiner s’était généré du fait que ce papier fut présenté à la table ronde tenue à la Faculté de Théologie de Milan le 16 novembre, 2005 autour du sujet : « Les fils d’Abraham en confrontation sur le Livre : Idée et fonction des Écritures sacrées dans le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam ». Un thème fort passionnant pour le grand public en Occident, tout particulièrement après l’événement du 11 septembre 2001 et la série d’attentats, de violence et de confrontation militaire et idéologique qui s’est produite en suite entre les blocs de l’Occident et du monde islamique, au moins selon l’avis de Hungtinton. Il devient donc impossible de se reporter à l’article, que je n’ai pas l’intention de republier par respect des sentiments de M. Jlidi, et qui était organisé par une étroite vision idéologique de l’histoire du développement humain et scientifique, avec un fort pendant d’apologie islamique. Ce que nous pouvons finalement retenir donc, serait le fait que pour l’auteur le droit de participation à l’espace débat du site soit tributaire pour le non-musulman d’une 'jizya', d’une taxe intellectuelle pour toute différence d’opinion et de correction historico-culturelle de ce qui me semble, à bon droit, une distorsion des faits relatés comme scientifiquement ou philosophiquement contribuant à la louange programmatique des vertus cachés du Coran. Est-il utile de lui contrebattre que le débat a un sens, grâce à la différence d’opinion ? Car si les Chrétiens, les Juifs et tout religieux non-musulman ou encore un non religieux devraient partager et s’identifier avec la vision islamique de l’expérience religieuse, alors nous ne devons plus appeler cela un débat, mais une islamisation du public. Autrement dit, toute intervention dans l’espace du site doit faire preuve de la totale assimilation de cette louange, peine, a contrario, la censure. Et puisque le maître du site, avait jugé de m’accommoder le droit de réponse à l’accusation facile de haine et d’obscurantisme, selon la victimologie islamique à la mode, voila que le Prof. Jlidi trouve bon de (faire) retirer l’article. Evidemment, je demande pardon, que l’exposé du prof. Jlidi ne puisse pas être considéré que des sottises, ni moins majuscules, mais méritent une considération sérieuse et un détail plus généreux qu’une petite fenêtre de réponse sur le web. Je souligne que j’ai trouvé des excellents articles dans le site du Groupe des Recherches Islamo Chrétien et je ne cache pas que j’en avais trouvé un, par contre, assez médiocre, la sincérité restant à l’affiche des mes approches de recherche. Tout comme la passion d’étudier les coutumes, la culture, le comportement religieux des différents peuples du monde, dont le peuple arabe, qui ne font pas objet de mépris mais d’une relation missionnaire d’amour évangélique de ma part.

Pour que le contenu du débat ne soit pas dispersé, je réorganise ici mes points de vue, en répondant à des citations de l’article disparu de M. Jlidi. C’est lui qui en donne disposition, en disant : « … nous postulons que la révélation est un facteur de progrès. Mais puisque que nous sommes, en tant que musulmans, une nation qui est fière d’en avoir une, alors la question sera pour nous si la révélation a rempli sa fonction dans l’histoire, au niveau du progrès de l’espèce humaine et de l’autonomie de sa conscience, ou sommes-nous ici face à une contradiction aigue entre la révélation comme donnée idéale, mais réelle aussi, d’une part, et notre sous-développement d’autre part ? »
Cette question en suspens ne trouvait pas de réponse dans tout l’exposé, qui se tâchait par contre d’illustrer le chemin de la civilisation technicienne occidentale grâce, selon la vision de l’auteur, aux secrets contenu dans le Coran et oubliés dans la suite des siècles par les musulmans. Cette vision soutenue par un approche de type philosophique qui aurait attisé les flèches critique d’un penseur illuminé et inclassable comme Jacques Ellul, trouve beaucoup de contredits dans ma réponse. L’auteur semble ignorer l’apport du savoir cumulé sous le Ghassanides et Montanides, des royaumes indépendants au nord de la péninsule arabique sous influence chrétienne, où bien avant l’islam on avait élaboré les mathématiques et autres résultats de la recherche scientifique en sens expérimental. Le développement de la culture sous l’islam, n’est pas un fait immédiatement lié à sa parution historique. L’expansion de l’islam ne fut œuvre ni de mystiques, ni de prêcheurs et tant moins des savants venu du sein de la première communauté. Elle fut plutôt l’œuvre impitoyable de l’épée, surtout avec Abou Baker et Omar. Les savants, qui se trouvaient dans les territoires conquis, y échappèrent grâce aussi « au service rendu » et à leur arabisation. Les chercheurs et les historiens ont toujours indiqué comme base de départ (le mythique « age d’or »), le Califat Abbaside qui avait sa capital à Bagdad : c’est la période où la rencontre avec le grand développement culturel qui déjà existait dans cette région, et encore la civilisation persane, et ensuite indienne, réalisa des fruits remarquables. Mais ce qui est vicieusement apologétique est prétendre que tout cela soit un mérite direct de l’islam, alors que cela est un élément circonstanciel, pas la première cause. Par exemple le philosophe et savant Al-Farabi, d’origine persane, n’inscrivait pas ses idées philosophiques dans l’optique religieuse, au point qu’elles y contrastent. Al-Qwarizmi, mathématicien et astronome, qui a lié à jamais son nom à l’utilisation de l’algorithme est plus proche à la culture persano-babylonienne qu’à celle arabo-musulmane. Inventeur original des nouveaux procédés mathématiques et géométriques, il fut un lien entre les mathématiciens Hindous et le monde Occidental. Il en va de même d’Averroès en Espagne, qui fut admiré et traduit par les savants Juifs et Chrétiens, en apportant le modèle aristotélique d’un savoir universaliste, mais qui pour cela fut banni intellectuellement par les autorités musulmanes de son vivant. Plusieurs de ses livres de logique et métaphysique furent donnés aux flammes. Cela est sans doute le résultat du dogmatisme coranique qui régissait le pouvoir à son époque, sans que ces aspects d’intolérance aient disparu encore aujourd’hui dans des vastes régions du monde musulman. Tout au long de l’histoire de la civilisation islamique, on trouve l’aspiration à la libre recherche et les nombreux « procès à Galilée », qui semblent ne se limiter pas à une époque révolue. Ce n’est pas mon but de ternir la valeur intellectuelle des Arabes, de mettre en doute les apports des grandes personnalités émergeantes dans ce contexte de civilisation, mais de montrer les limites d’une exaltation dangereuse qui se prête au besoin idéologique du moment. Le fait plus indispensable à saisir est que la question initiale, posée par le Prof. Jlidi, retourne ponctuellement et s’amplifie par des questions ultérieures, introduites par moi personnellement. Pourquoi la découverte de ces présumés principes secrets de la science coranique, à partir de Ibn Khaldoun n’a pas bénéficié directement les sujets musulmans, mais elle devrait sa mesure de vérité dans la science développée dans le monde occidental, qui jusqu’au présent est considéré terre d’ « infidèles » ? Pourquoi la lecture et relectures du Coran de la part de musulmans ne fait pas prendre l’envol à la civilisation islamique, qui ne s’épanouirait pas sans l’apport technologique et scientifique de l’Occident ? Enfin pourquoi au contraire cette lecture coranique provoque tant de violence et de fondamentalisme, plutôt que d’intellectualisme et de pacification ?

Je cite utilement une remarque du collègue du prof. Jlidi, le Dr. Ennaïfer, co-fondateur du Groupe de Recherche Islamo Chrétienne : « Ce sont des ‘vérités’ que l’on peut cultiver dans l’environnement culturel, et accorder avec les sens du texte coranique. Ce point de vue ne prends pas en considération le fait que, pour combler le gouffre profond qui sépare le monde islamique des exigences scientifiques de son époque, il faut théoriquement procéder à une analyse méthodologique prenant en compte les facteurs qui empêchent le système culturel arabo-islamique de fonder une vision qui permette de renouveler la méthodologie dans le rapport au texte coranique (…) » (Dr. H’mida Ennaïfer, “Les Commentaires Coraniques Contemporains”, P.I.S.A.I., Rome 1998, p.56)

C’est en connaissance de cela, que dans ma première réponse je m’inquiétais du fait toujours plus fréquent de la part des prêcheurs islamiques de vouloir montrer la ‘bonté’ du Coran par l’illustration académique des prétendus ‘erreurs’ de la Bible, surtout que le Coran serait prouvé divin par sa fonction de manuel scientifique hermétique et insondable. Cela a causé la soudaine ‘conversion’ de plusieurs chercheurs occidentaux, sauf à voir l’intérêt économique de la publicité leur apportée par ce curieux événement. Comme j’avais écrit, c’est exactement cela en substance la dysenterie de fanfaronnades pleines de macro-erreurs de lecture biblique (et d’ignorance coranique) de Maurice Bucaille, ce médecin dentiste bien payé par les Al-Saouds pour « ses extractions livresques » (sans esprit critique) mises en publication dans La Bible, le Coran et la science. Texte bien présent dans les rayons de librairies de la Capital tunisienne. Et puisque chacun de nous que soit armé de bonne volonté peut faire confrontation avec ce que le Dr. William Campbell a écrit en réponse et correction dans « Le Coran et la Bible à la lumière de l’histoire et de la science », je m’épargne de faire les exemples plus clarifiants à propos. Malgré ce texte soit toujours absent des rayons de librairies de la Capital tunisienne.

Venons maintenant à la philosophie, c’est-à-dire à l’extrapolation hors contexte et purement utilitariste de la pensée de Lessing, opérée par le prof. Jlidi. Retenons le passage ici de son exposé : « Nous venons de voir, dit-il- avec Lessing que l’humanité est passée par une première étape qu’on peut qualifier de pré-réflexive ou intuitive, et que le Livre sacré correspondant à cette étape était la Tora (Livres de Moïse) et qu’après, elle a atteint un deuxième stade marqué surtout par l’éveil des émotions nobles : la piété, la charité, l’amour du voisin ...etc. Et ce, grâce à la mission accomplie par le Christ. Cette étape peut-être qualifiée de quasi-réflexive ou pré-opérationnelle. Convient-il alors, après avoir fini avec ces deux religions, de passer à travers et d’ignorer ou de négliger une parmi les trois grandes religions missionnaires, qui est l’Islam avec son Livre sacré le Coran ?! »

Le prof. Jlidi ose faire la leçon à Lessing, en lui reprochant de n’avoir pas indiqué le Coran comme troisième étape de l’évolution humaine ? Je me permettais alors de lui répondre que cela montrerait que il n’a pas bien compris Lessing et combien cet auteur était influencé par la mouvance intellectuelle allemande de son époque. Si la pensée de Kant et encore plus fortement celle de Gottfried Herder ont influencé cette oeuvre du Lessing, on peut en trouver ses limites dans le modèle adopté. En effet le concept de Volkgeist inspiré par Herder dans une tentative de lecture originale de la Bible (à commencer de la Genèse, comme histoire commune de l’humanité et signe marqueur de la volonté divine sur les peuples) a contribué à forger des mythes nationalistes germaniques qui se sont révélés en suite désastreux.

La pensée philosophique ne peut révéler le Bien absolu, à moins de ne la pas hisser au rang de prophétie et cela est très hasardé pour un croyant. Carl Gaspar Lavater admirait Moses Mendelssohn et il était convaincu de la parfaite intégration nationale et sociale du peuple juif, mais cela ne l’a pas empêché d’écrire son sage « Fragments de physionomie général » (1775-1778), en leur attribuant des caractéristiques physiques arbitraires qui ont contribué à la naissance du racisme moderne... et d’ailleurs au XVIII siècle il ne pouvait pas imaginer quelque chose de l’affaire Dreyfus, qui devait marquer un virage historique... (cfr. Riccardo Calimani, “Ebrei e pregiudizio : introduzione alla dinamica dell’odio” – Juifs et préjugé: introduction à la dynamique de la haine-Mondadori, septembre 2000, p.103-105).


Donc, pour répondre à la question, s’il convient de négliger ou ignorer l’islam dans ce contexte d’évolution de l’esprit humain en Occident, je dirais que bien sûr il ne convient pas l’ignorer, quant plutôt l’exclure, puisque le processus de recherche rationnelle ouvert au XVIII siècle n’est pas jailli des pages du Coran, mais d’un reconsidération philosophique de la liberté religieuse suite aux guerres internes de religion en Europe, déchirée entre catholiques et protestants, et par l’apport à ce point du judaïsme, qui avait développé isolement le libre débat exégétique avec le Talmud, et préparé avec Baruch Spinoza un nouvel instrument juridique du droit naturel. Or, par rapport aux guerres religieuses internes à l’islam, qui se produisirent déjà à trente ans écoulés de l’hijra avec la Grande Discorde, aucun mouvement philosophique de recomposition sociale assimilable à l’Illuminisme, s’y est jamais produit qui ait eu par conséquence la promotion de la tolérance laïque. Le cas isolé de la Turquie, acceptant finalement sous l’influence occidentale un statut de type laïque avec Mustapha Kemal, toujours blâmé par les islamistes, c’est produit avec grand souffrance et souvent avec des massacres des assujettis non musulmans de l’ancien empire Ottoman. Ce n’est pas gratuitement que l’historien Bat Ye’or ait parlé de « dhimmitude », pour y avoir consacré une profonde recherche et avoir dévoilé les éléments démagogiques de l’oubli historique qui menace cette réalité par pure convention politique. Il faut encore noter, que celles qui aujourd’hui sont appelés « minorités » non musulmanes, autrefois étaient des vastes majorités, décimées par une lente et parfois inexorable persécution, dont on a les reflets encore aujourd’hui avec la diaspora arménienne, pour faire qu’un seul exemple.

Le prof. Jlidi n’avait aucun droit de m’accuser de haine ou encore de moquerie à l’encontre de l’islam si je me rappelle des faits historiques, sous peine de ne passer lui-même comme quelqu’un qui prend en haine ou en moquerie la culture en soi.

Ce n’est pas catholique, ni trop musulman encore que le prof. Jlidi n’ait pas hésité à appliquer un raisonnement comparatif du procès historique de la conscience critique sur le charisme prophétique de Moïse, qui dépasse le commun de son temps. Il lui applique de la naïveté de questionnement (à propos du désir de voir Dieu qui lui est attribué dans le Coran), mais il se garde bien par contre de le faire avec Mahomet. Le désir de voir Dieu, qui n’est pas seulement dit dans le Coran, mais avant celui, dans la Thora (Exode 33 :20), est un désir commun à tout humain, et il est satisfait partiellement dans la Bible, avec le passage de la Nuée, signe mystérieux où Dieu se manifeste. Pour le Chrétien, signe de l’Esprit. « Le Seigneur descendit dans la Nuée, se tint là avec lui et Moïse proclama le Nom du ‘Seigneur’. Le Seigneur passa devant lui et proclama : ‘Le Seigneur’, le SEIGNEUR (YHWH) Dieu Miséricordieux et Bienveillant, lent à la colère, qui reste FIDELE à des milliers de générations, qui supporte la faute, la révolte et le péché, mais sans rien laisser passer, qui poursuit la fautes des pères chez les fils et les petits-fils sur trois et quatre générations » (Exode 34 :5). Moïse se prosterne et c’est ainsi le début de l’Alliance, scellée par l’écriture du Décalogue. Mais avant cela, il y avait la vision du Buisson en flammes dans Exode 3 :2. « L’Ange du Seigneur lui apparut dans une flamme de feu, du milieu du buisson. Il regarda : le buisson était en feu et le buisson n’était pas dévoré. Moïse dit : ‘Je vais faire un détour pour voir cette grande vision : pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas’ ». Le commentaire biblique nous explique que l’expression « Ange du Seigneur » dans l’Ancien Testament « indique d’une manière directe une intervention de Dieu Lui-même. » Du moment que le mot « ange », dans l’étymologie grecque aussi que dans le correspondant hébraïque, signifie « envoyé » ou « messager » de Dieu par excellence, les Chrétiens éclairés tout comme les Juifs Messianiques, comprennent que cette apparition est une manifestation du Messie, c’est-à-dire la Parole de Dieu -Yashoua’. L’Evangile de Jean nous dit que la Parole est Dieu (Jean 1 :1). Moïse entend la voix qui l’appelle. La voix est une manifestation : « Il dit : ‘Je suis le Dieu de ton père, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob’ Moïse se voila la face, car il craignait de regarder Dieu » (Exode 3 :6). Le prof. Jlidi ne tint pas compte de cela, c’est-à-dire que Moïse agit d’abord avec crainte et respect devant Dieu. Et c’est Dieu qui le confirme par le respect donné, dans la confiance qui vient de Son Amour, manifesté maintenant au peuple d’Israël. « Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire monter de ce pays vers un bon et vaste pays.. Etc. ». Voila donc que par la vision du Buisson en flamme, Dieu se manifeste au tant que Dieu de Délivrance. Cela est une symbolicité qui s’échappe au prof. Jlidi ? Pour le Chrétien et le Juif Messianique il y a un trait d’union avec l’accomplissement de la venue du Messie, qui porte la flamme de l’Esprit dans sa nature (aussi) humaine. Dans le Messianisme judéo-chrétien, la Lumière-symbole de la Menorah, le candélabre qui est une représentation de la flamme de l’Esprit comme dans le miracle du Buisson, coïncide avec le Nom de Yashoua’ (Jésus), « Dieu de Délivrance ». Comme a fait remarquer Paul Ghenassia (dans le site de l’Assemblée Messianique Beth Yashua, une communauté évangélique de culture hébraïque), le Nom de Ieshoua' possède 7 "épis", ou 7 lumières (signes diacritiques) qui coïncident avec les 7 lumières de la Menorah. On ne peut pas le montrer par l’écriture en caractères latins. Mais pour celui qui lit l’hébreu, c’est l'évidence même pour le regard. Pour nous, l’accomplissement est fait : dans Mathieu 5 :17.

- Jésus dit : Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la Tora ou les livres des prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir

Il ne faut pas donc équivoquer à l’infini, par l’insistance fanatique de certains musulmans, entre descente de l’Esprit de la Pentecôte et l’apparition historique de Mahomet. Lorsque le prof. Jlidi parle de « l’Achèvement du Cycle Prophétique, accompli par l’avènement de l’Islam, avec son Livre éclairant ... » et il se permet de traduire d’une façon assez trop originale le verset 40, sourate 33, avec les mots de « Messie de Dieu » référés à Mahomet...( !) Personnellement je trouve que cette traduction du mot « rasul-l-Allah » est bien censurable dans un espace de dialogue ‘islamo-chrétien’. Cette traduction est idéologique et tends à effacer une vérité profonde de notre foi chrétienne.


Le problème principal par rapport à la position de lecture évangélique de l’histoire de l’humanité à mon avis est que l’auteur pense et indique comme « paradigme de l’achèvement du cycle prophétique », dans ces mots, « celui de la sagesse humaine instaurée par l’homme lui-même », une idée qui est représentée dans un article successif (« Des conditions philosophiques d’un dialogue authentique », publié en ligne le 11 décembre 2006). Or cette idée philosophique est dangereuse si acceptée par le croyant parce qu’elle est contraire à tout le sens de l’Evangile (Lettre aux Galates 1:11-12) : la sagesse de l’homme est aveugle, elle provoque de retombés dans l’égotisme et dans l’immoralité qui se situent dans notre décadence spirituelle suite à l’effet du péché primordial de la rébellion de Adam (Lettre aux Romains : 1 :28-32). L’homme ne pourra jamais trouver la ‘vrai sagesse’ sans l’intervention supérieure de Dieu dans la vie individuelle de chacun de nous, par le moyen de l’Esprit Saint qui est gratuitement (« par Grâce ») accessible dans la foi en Jésus Christ ! (Lettre I aux Corinthiens 2 :10-16) L’idée d’un progrès humain, lié au « commencement à une échelle universelle, de l’âge de l’autonomie de la raison » est complètement dérapant, car elle envisage avec un optimisme spirituellement suicidaire une raison cognitive de type philosophique capable de condenser les apports de la Révélation biblique. Je vois comment M. Jlidi est attaché à la vision technicienne du monde, comment il croit (et cela est probablement une constante de l’envie de maîtrise technologique que le monde arabo-musulman jalouse du monde occidental par rapport à un complexe de sous-développement) au progrès en termes de civilisation technicienne, la même qu’un grand philosophe, théologien et théoricien Jacques Ellul a justement combattue. Comme a été justement mis en évidence par le journaliste de L'Express Christian Makarian, dans un article intitulé « Enquête sur le fanatisme » : « La plupart des régimes arabes, englués dans des schémas marxistes révolus, ont privilégié les techniques et réprimé les sciences humaines. Or Bernard Lewis comme Gilles Kepel ont déjà judicieusement noté combien les milieux intégristes fourmillaient de techniciens et d'ingénieurs. Les auteurs des attentats de New York et de Washington étaient des techniciens... » On touche ici à un thème central de la pensée de Ellul, dans la présentation de Patrick Troude-Chastenet (Professeur de science politique à l'Université de Poitiers) que « la technique, c'est à dire la recherche du moyen absolument le plus efficace dans tous les domaines, constitue la clé de notre modernité. En substance, l'homme croit se servir de la Technique et c'est lui qui la sert.(…) Nous vivons non pas dans une société post-industrielle mais dans une société technicienne. La « société technicienne» - celle dans laquelle un système technicien est installé- tend de plus en plus à se confondre avec le «système technicien »: produit de la conjonction du phénomène technique (caractérisé par l'autonomie, l'unicité ou l'insécabilité, l'universalité et la totalisation) et du progrès technique (défini par l'auto-accroissement, l'automatisme, la progression causale et l'ambivalence). Mais il faut préciser que la première n'est pas réductible au second, et qu'il existe des tensions entre les deux. Le système technicien est à la société technicienne ce que le « cancer » est à l'organisme humain. » (Extraits de l’article « Ellul l’inclassable »). Car, au contraire du modèle assumé par M. Jlidi, cet âge de l’autonomie de la raison a produit les monstruosités de deux guerres mondiales, les totalitarismes et l’athéisme destructif du sens de l’existence, la recherche au niveau de géopolitique d’armes nucléaires qui menacent l’humanité entière, l’industrialisation massive et l’aliénation de consomme, le cynisme individualiste, l’explosion des toxicodépendances et de la prostitution, la marginalisation et la pauvreté à des niveaux jamais vus auparavant. En autres termes, selon le sens avéré de l’Evangile, cet âge de la raison coïncide avec la Fin des temps indiqué par les prophéties bibliques, et elle n’est nullement à confondre avec un facteur de progrès de la conscience humaine !


Le Prof. Jlidi ne devrait pas être fier de ce que pour lui est l’apport de l’islam dans le développement de cette ‘raison cognitive’, qui se développe par l’esprit de lecture du Coran, malgré toute la publicité donné à cet aperçu par des penseurs occidentaux, qui n’ont pas voulu considérer la prééminence du message existentiel de l’amour comme condition essentielle du dialogue de Dieu avec l’Homme.

Voyons mieux, par exemple, comment le "cycle prophétique terminé par Mahomet" c’est illustré en Inde, un pays isolé dans le culte naturiste et polythéiste, loin des manœuvres du pouvoir en Europe ou en Occident. Pour parler du sub-continent indien en termes d’apport culturel, il y aurait plein d’informations orthodoxes à opposer à la célébration rhétorique de la « sagesse islamique » et l’évolution des sciences en Occident. Avant l’invasion islamique, l’Inde était une des plus grandes civilisations du monde. L’Hindoustan au X siècle florissait culturellement dans les domaines de la philosophie, des mathématiques et des sciences naturelles. Ce sont les mathématiciens Indiens qui ont découvert la chiffre zéro, pour ne pas mentionner l’algèbre, qui transmise en suite aux Arabes en a pris le nom comme méthode mathématique de même qu’eux en ont reçu la gloire en Occident. Avant l’invasion musulmane qui commença au VIII siècle, l’art sculptural en Inde était vigoureuse et sensuellement étonnante, tout d’ensemble avec l’architecture richement ornée et quasiment féerique. Toutes ces réalisations étaient spécifiquement indigènes et non le résultat d’un apport islamique sur une civilisation préexistante. Comme les historiens ont rapporté, à partir de l’année 712, les razzias islamiques, sous la commande de Muhammad Qasim, détruisirent les temples, écrasèrent les statues, saccagèrent les palais, tuèrent un grand nombre de personnes par là où leur avancée progressait, au point qu’il fallu trois jours entiers pour massacrer les habitants de la ville de Derbal, d’où les enfants et les femmes furent pris en esclavage et en partie dans les harems. (Voir l’article du Dr. Serge Trefkevic, « Islam’s Other Victim : India », Front Page Magazine, 18 novembre 2002- dont je reprends en français des passages). Ce ne furent que les exordes d’une catastrophe humanitaire d’immense proportion, car après que les premières hordes sauvages eurent pris possession des ces terres, l’ « achèvement du cycle prophétique » dont nous parle le prof. Jlidi, ne laissa pas le temps à Muhammad Qasim de mieux discipliner sa glorieuse armée– qui à différence des bandes rebelles des Croisés en Terre Sainte- n’avaient pas oublié leurs principes ‘religieux’. En effet, le gouverneur de la province de l’Iraq, Hajjaj ne manqua de leur rappeler le devoir, en recommandant de ne pas montrer de pitié. « Allah le tout grand dit (surate 47 :4) : ‘Quand vous rencontrer ceux qui ont mécru, frappez-en les cous..’ … pour cela ne donne aucun pardon aux ennemis et n’épargnes aucun d’entre eux, autrement ils te considèreront un homme faible » -c’est ainsi qu’Hajjaj instruit le commandant Qasim. L’obéissance impitoyable de Qasim et des ses hommes fut montrée avec leur prise de la ville de Brahminabad, avec le massacre d’un nombre entre 6000 et 16000 hindous. Au début du XI siècle une nouvelle vague de violence se déclencha en Inde par l’arrivée de Mahmoud al-Ghazni, archivée dans les annales de l’histoire islamique par le savant Albérouni, que Mahmoud avait ramené en Inde. « Il passa à travers l’Inde comme une furie, détruisant, saccageant et massacrant. (…) Mahmoud, ainsi rapporte Albérouni- presque ruina la prospérité du pays, et accompli des merveilleux exploits belliqueux, par lesquels les Hindous devinrent tels des atomes de poussière jetés en toutes directions et tel un conte dans la bouche du peuple. Les restes éparpillés cultivent naturellement l’aversion la plus invétérée à l’encontre des musulmans ». De cela au moins nous donnons à Albérouni plein crédit. N’oublions pas la « contribution au savoir » que Muhammad Khilji a fait au nom de l’islam en massacrant la pacifique communauté bouddhiste de l’Inde en 1193 et en brûlant leur célèbre bibliothèque, suite à la destruction de leur centre communautaire de Bihâr en provoquant ainsi leur dispersion au Népal et au Tibet. On peut observer que le Calife Omar avait déjà donné l’exemple en faisant brûler la bibliothèque d’Alexandrie, la plus ancienne et célèbre du monde helléniste. Les sources historiographiques en illustrent la philosophie : « Tout ce qui est là, si est bon, est déjà dans le Coran ; si non, ne peut pas être quelque chose de bon ». Donc, le feu, comme pour les Bouddhistes de l’Inde. La partie rechapée à cette dévastation vers le Turkestan en ouest, trouvera persécution systématique et crises démographiques dues aux destructions par les conquérants musulmans, jusqu’à la dernière contribution de la « science islamique » des Talibans à l’humanité, c’est-à-dire la destruction complète des quatre statues géantes de Bouddha en Afghanistan en mars 2001. Ce n’est pas du fanatisme récent, prof. Jlidi : n’est-il pas au contraire le résultat systématique de la recherche du vrai par les peuples éclairés à la lumière du Coran, le long de l’histoire ? Si non, pourquoi la ville sacrée à Krishna, Mathura, dont le temple a été estimé par le sultan conquérant Mahmoud une oeuvre de deux cent ans de travail et riche de cinq statues en or roux, aurait été sauvagement brûlé en y versant du bitume ? Pourquoi Varanasi, Ujjain, Mahershwar, Jwalamucki, Dwarka, toutes des villes splendides de l’ancienne Inde, eurent leurs trésors ravagés et détruits, en total mépris de ce que la culture des « mushrikûn », des idolâtres à abattre et convertir par force selon le Coran, avait -sans l’islam- merveilleusement réalisé ? Encore, les arabo-musulmans, éclaireurs du monde selon Jlidi, laissèrent une contribution toponymiste remarquable en Inde, la région montagneuse nord occidentale de l’Hindou Kusch, terme traduit par « massacre des Hindous », un souvenir du transport des esclaves Hindous à travers les dures montagnes afghanes vers les cours musulmanes de l’Asie centrale. Et aussi le souvenir du massacre de Somnath, lieu d’un temple où 50000 Hindous furent horriblement massacrés par ordre du sultan Mahmoud.
Le grand historien Will Durant, a lamenté dans son livre « Histoire de la Civilisation » les résultats de ce qu’il a défini « l’histoire plus sanglante dans l’Histoire ». La liste des gouvernants musulmans qui se succédèrent dans l’histoire en Inde est longue et ponctuellement tachée de sang. Par exemple, Firuz Shah, gouverneur de l’Inde à partir de l’année 1351, une fois surprit un village où se déroulait un festival religieux hindou et ordonna d’exécuter tous les présents. L’empereur Mogol Akbar fut considéré assez tolérant, en accord avec les standards des Musulmans d’Inde : dans son long royaume (1542-1605) il y eu seulement un massacre de 30000 prisonniers Hindous le 24 février 1568, après la bataille de Chitod. Devenu en suite assoiffé d’adoration personnelle, Akbar se fit plus indulgent avec les non Musulmans, adopta des rituels et des fêtes zoroastriennes, se déclara infaillible dans la religion et termina en visible apostasie. Le cinquième empereur Mogol, Shah Jahan (1593-1666) neveu d’Akbar, retourna au credo orthodoxe et fit construire le Taj Mahal, le palais royal sûrement admiré par le prof. Jlidi et par beaucoup d’occidentaux, ces derniers en grande partie ignares de l’extrême cruauté de Shah Jahan dans ses quarante huit campagnes militaires contre les non-musulmans en moins de trente ans. Epaulé par les Ottomans, il prit le pouvoir en 1628 en assassinant tous ses membres de famille de sexe masculin, à l’exception d’un qui se réfugia en Perse. L’empereur se vantait d’avoir un harem avec 5000 concubines, mais malgré cela il ne su pas s’empêcher d’avoir de relations incestueuses avec deux de ses filles, Chamani et Jahanara. Pendant son royaume dans la seule ville de Bénarès, bien soixante seize temples hindouistes fuirent détruits, tout comme des églises chrétiennes à Agra et Lahore. Au siège de Hugh, une enclave portugaise de Calcutta, qui dura trois mois, il fit périr environ dix mille habitants, déchirés par les explosions, noyés ou brûlés vivants. Quatre mille réchappés à Agra furent mis devant le choix de l’islam ou la mort. La plus part choisi la mort, mais les femmes furent envoyées aux harems.


Finalement, prof. Jlidi, permettez cette question : pourquoi la « grandeur » politique et le « prestige » dans l’histoire pour les musulmans sont toujours associé à la tyrannie, au culte de soi-même, et à la cruauté la plus farouche ? (Dernier exemple, Saddam Husayn : un héros pour le monde arabe. Triste note pour quelqu’un comme moi qui est contraire à la peine de mort, considérant à la lumière de l’Evangile, qu’elle doit être symbolisée par l’exclusion à vie de la société. Mais je sais qu’aucun tribunal islamique ne partagera cette vue.)


Ces massacres perpétrés par les musulmans en Inde n’ont pas de parallèle dans l’histoire, comme nous fait noter le Dr. Serge Trifkovic, qui a travaillé professionnellement avec la BBC, le Washington Post, le Times de Londres et autres journaux de prestige. Il nous dit aussi que pendant la période coloniale britannique, les anglais, pour poursuivre leur politique de division du pays, ‘blanchirent’ aux yeux des Occidentaux et dans la presse coloniale le triste record de mort provoqué par les musulmans en Inde, pour que par cette bienveillance puissent utiliser les mêmes contre la masse des hindous à administrer. Gandhi et Nehru tombèrent également d’accord, dans le but de gagner l’indépendance du pays. Cette façade tomba au lendemain de l’indépendance, lorsque la violence religieuse fit des millions de victimes. Pour la joie de ceux comme Iqbal déterminés à tout coût de voir la naissance du Pakistan, bien que le grand effort de sortir de l’ère coloniale fut mérite du pacifiste Gandhi. Aujourd’hui les citoyens de Calcutta, New Delhi, Bombay et Bangalore, les grandes villes de la démocratique Inde, doivent vivre dans la crainte constante d’un déploiement militaire, ou d’un putsch- connu par des tentatives échouées contre le Parlement Indien- du Pakistan, pourvu de l’arme atomique mais pas de la démocratie, mot inutilement inscrit dans sa constitution. Un pays, le Pakistan, où les Chrétiens vient continuellement dans la crainte d’être accusés de diffamer le fière prophète de l’islam, que cela soit une opinion arrivée réellement aux oreilles d’un musulman ou non, avec la conséquence inexorable d’être condamné à mort par l’article 295c du code pénal, malgré toute demande d’excuses ou déni. Un Pays, où une simple fouille policière suite au ‘crime immense’ d’une page de Coran trouvée déchirée (par qui, on le sait pas), a causé en 1996 la destruction d’un village chrétien, Shanti Nagar, entièrement brûlé par la foule musulmane, tandis que quatorze églises de la région méridionale du Pendjab était attaqués et vandalisées. Dans ces mêmes années, que se passait-il aussi en Egypte (rappelons le massacre d’al-Kosheh), au Soudan, ailleurs dans le monde musulman et en Europe (attentat au métro de Paris) ? Ne dites pas donc que l’Inde est un cas à part. C’est un cas bien mémorable de ce qui sont hélas des contributions bien visibles, à travers tout l’arc de l’histoire, que l’islam a donné à la civilisation… Bien que, je suis d’accord, ne soit pas tout mérite du philosophe Iqbal. Quand d’Iqbal on retourne à la Bible, c’est le moment pour notre professeur d’accrocher l’argument de la « succession » (bien évidemment hiérarchique selon l’islam) des phases de la pensée avec les « phases prophétiques ». M. Jlidi avait écrit en effet : « Du point de vue moral, Dieu s’est prononcé aux Israélites d’une position impérative catégorique ; tout comme on s’adresse à un enfant qui est encore au stade du réalisme moral, pour le menacer de châtiments corporels au cas où il commet des bêtises : le respect inconditionné de la règle morale sans chercher à comprendre les raisons profondes qui poussent à l’adopter ... »

NON, la Tora n’est pas faite de ce seul aspect. J’ai le droit, prof. Jlidi, de faire gaffe à ce point critique et de manifester le dissentiment du croyant judéo-chrétien ? Comme le Prof .Roger Arnaldez, l’illustre exégète et linguiste tant aimé par Taha Husayn, a toujours souligné : le « Cœur », c'est-à-dire l’Amour inconditionné de Dieu est au centre de l’Alliance, depuis Abraham par Moise et par tous les livres prophétiques de l’Ancien Testament ! Ce serait trop de citer tous les passages, il faut que le prof. Jlidi lise une fois la Bible avec un œil honnête ! Ce n’est par pour rien que le peuple Juif appelle Dieu « Père » comme signe de son Amour et appartenance dans l’Amour, au contraire du Coran... que par contre Jlidi ne semble pas connaître (ou nous faire connaître) aussi bien, puisque à propos de position impérative catégorique et menaces de châtiments corporels on aurait trop de versets à citer. Si cette relation d’impératif catégorique appartient au premier stade de l’humanité, avec le Coran nous y sommes retournés définitivement, car où se placeront les versets X : 4 ; X : 26 ; XIV : 16-17 ; V : 33 ; XVIII : 29 ; IV : 56 ; XXIII : 104 ; XXVII : 21 ; XXXVI : 8 ; etc. etc. ? Il ne s’agit pas de se moquer du Coran si on reporte un petit exemple, tiré de la Sourate al-Haqq , les versets 32-37, qui parlent de la punition infernale (ce n’est pas du réalisme morale ?) dans ce sens selon la traduction du Pr. Salah Eddine Kechrid, édition populaire en Tunisie de cet émérite docteur de la Zitouna : « Puis ligotez-le avec une chaîne longue de soixante-dix coudées / Il ne croyait pas à Allah Le Très-grand (la youminou bil-Allah al-A’thimi) / Il n’incitait pas à nourrir le miséreux / Il n’a aujourd’hui ici aucun ami pour le protéger / Il n’a pour manger que du sang et du pus /Seuls les fautifs en mangent / etc.. ». Donc dans quel stade de l’humanité nous nous trouvons ici, par rapport à l’Evangile ... ? Jésus dévoile par contre le fait central que la Miséricorde de Dieu est au cœur de la Tora. Jésus dit : donne ton cœur à Dieu, et tu seras sauvé ! Les ammonisations de Jésus à ceux qui connaissent la Loi de Moïse, mais veulent s’enfuir du devoir d’aimer Dieu et notre prochain, malgré leur tort évident, ne sont jamais des menaces. Il n’y a rien de plus rationnellement éclairant qu’écouter la voix de l’Amour, le Véritable chemin de la Paix, qui est l’appel de Jésus !

En soulignant la différence, j’espère de contribuer à la connaissance de notre Livre Saint, la Bible, pour tout Musulman d’aujourd’hui qui ne se sent pas raisonnablement condamné par sa lecture, tout comme chaque Musulman se tâche de nous faire connaître la valeur de certaines versets coraniques, que nous ne refusons certes d’examiner. Je reviens ici même à l’esprit de la « Charte du Groupe des Recherches Islamo-Chrétien », qui dit : « … le Musulman n’a pas à exiger du Chrétien qu’il reconnaisse le Coran comme la révélation ultime de la Parole de Dieu et Muhammad comme le sceau des prophètes. (Par. 2) C’est pourquoi nous récusons toute forme de syncrétisme qui tendrait à occulter les différences essentielles entre nos religions. Notre but n’est pas de supprimer ces différences, ni de les minimiser ou de faire silence sur elles… (par.3) » (dans ORIENTATIONS GENERALES POUR UN DIALOGUE EN VERITE).