Tous les regards sont tournés vers Tunis
INTRODUCTION
Par Umberto Profazio* | Journal du COLLEGE de Défense de l’OTAN (Toile globale)
| 13 juin 2024
Après avoir promis 1,1 milliard de dollars l'été dernier et
fait pression sur le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un accord
d'une valeur de 1,9 milliard de dollars afin d'éviter un effondrement économique
qui en résulterait, les partenaires de l'UE s'inquiètent à nouveau du sort de
la Tunisie, un pays sur lequel les puissances émergentes ont déjà mis leurs
convoitises. Cet intérêt est réciproque
puisque le président Kais Saïed a rapidement appris à parier sur le nouveau
monde multipolaire introduit par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la
guerre israélienne à Gaza suite à l’attaque du Hamas en octobre dernier.
Malgré
un partenariat de longue date avec les États-Unis et son statut d’allié majeur
non membre de l’OTAN, la Tunisie s’efforce de tendre la main aux concurrents
stratégiques de l’Occident, tels que la Chine, l’Iran et la Russie. Avant de
participer au Forum de coopération sino-arabe avec d'autres dirigeants
régionaux à Pékin fin mai, Saïed a également rendu hommage au président Ebrahim
Raïssi à Téhéran après sa mort, lors de la première visite d'un président
tunisien en Iran après la Révolution islamique. Cependant, compte tenu de
l’influence croissante de Moscou en Afrique, ce sont les liens de la Tunisie
avec la Russie qui sont de plus en plus surveillés. C’est là qu’intervient un
article publié par le journal italien La Repubblica à la mi-mai.
L'article indique que des avions de transport russes ont été repérés à
l'aéroport de Djerba, faisant craindre un effet domino qui, après la Libye et
le Sahel, pourrait voir Moscou prendre également pied militairement en Tunisie.
Un scénario inquiétant pour l'UE et l'Italie, qui ont réservé un rôle particulier à la Tunisie dans le soi-disant Piano Mattei, un plan d'investissement qui renforcerait les liens énergétiques avec l'Afrique et endiguerait la migration en provenance de l'Afrique. La Première ministre Giorgia Meloni s'est employée à vendre le projet à ses partenaires, notamment aux États-Unis, dont le Département d'État n'a pas confirmé la nature des activités russes à Djerba, exprimant seulement ses inquiétudes quant au rôle de l'Africa Corps (ex-Groupe Wagner) alimentant les conflits et les migrations. Tunis n'a pas commenté la nouvelle et Moscou a rejeté l'information comme étant une fabrication et un mensonge. Des sources tunisiennes indiquent que depuis des mois, les avions russes utilisent l'aéroport uniquement pour faire le plein et qu'un déploiement de sous-traitants aurait été clairement repéré lors de la manœuvre concurrente African Lion 2024 (AL24, 19-31 mai), dirigée par les États-Unis, qui se déroule également en Tunisie.
Le message alarmiste qui ressort de ces rapports est que l’Occident ne peut pas se permettre de perdre la Tunisie, malgré son problème intérieur visible et pressant. En effet, la présence russe a été signalée dans le contexte d’une répression sans précédent de la dissidence qui a conduit à l’arrestation de militants, d’avocats et de journalistes. En outre, la campagne anti-migrants lancée l'année dernière par Saïed et pleinement soutenue par l'UE suscite de nombreuses inquiétudes quant au respect des droits des demandeurs d'asile, des migrants et des réfugiés.
Le rétrécissement de l’espace civique a suscité les critiques de la plupart des partenaires occidentaux, notamment de l’UE, de la France et des États-Unis. D’un autre côté, l’Italie, qui a établi une relation privilégiée avec Saïed pendant le mandat de Meloni, est jusqu’à présent restée silencieuse face à la répression croissante, de peur de mettre en péril un accord sur les migrants important pour la majorité gouvernementale. En traçant une ligne très fine, Rome a tout intérêt à rappeler à ses alliés et partenaires la nécessité de garder la Tunisie proche. Tirer parti de la présence russe en Afrique du Nord (beaucoup plus visible et cohérente en Libye et en Syrie) servirait tout à fait cet objectif.
Depuis mars 2024, les spécialistes du Maghreb alertent avec un article – ici de suite traduit en langue française- originairement publié par la Revue (en Toile globale) de la Fondation du Collège de Défense de l’Otan sur l’importance des « pays oscillants » du sud de la Méditerranée, c’est-à-dire des pays disposés à envisager des alliances moins traditionnelles [1].
[1] Ghazi Ben Ahmed et Andrea Cellino, Revitalizing EU’s Southern
Regional Strategy, ici dans une traduction française par ‘Nino’ Gaetano Mucci ©, activiste
indépendant pour les Droits humains en Afrique.
***
Pour revitaliser la stratégie régionale du Sud de l’UE
L’Union
européenne (UE) est profondément engagée dans le soutien à l’Ukraine contre
l’agression de la Russie, un engagement qui a attiré des ressources et des
efforts diplomatiques importants de la part du bloc. Tandis que l’UE se
concentre principalement sur le front oriental, la Russie étend son influence
en Afrique, un domaine d’importance stratégique que l’UE continue de négliger.
Ce laxisme est particulièrement préoccupant compte tenu des changements
géopolitiques et du réalignement potentiel vers la Russie, loin de la tradition
des alliances occidentales, de la part des nations d’Afrique du Nord que l’on
peut définir comme des « pays oscillants » (c’est-à-dire disposés à rechercher
des alliances d’opportunité en fonction de leurs intérêts nationaux variables).
Plus grave encore, le manque de vision de l’Union européenne à l’égard de
l’Afrique du Nord ouvre des voies stratégiques et politiques à l’agenda
agressif et aux avancées sécuritaires de la Russie.
La
stratégie méditerranéenne renouvelée de la Russie
Au cours de la dernière décennie, la Russie a renouvelé sa stratégie à l’égard de la Méditerranée, en l’alignant sur sa position de politique étrangère anti-occidentale. Le Moyen-Orient et l’Afrique, bien que secondaires, jouent un rôle de soutien dans la quête par la Russie du contrôle de son espace post-soviétique, en particulier de l’Ukraine. L’invasion de l’Ukraine en 2022 a souligné l’importance pour Moscou d’étendre son influence dans ces régions.
L'intervention militaire russe en Syrie, en soutien à Bachar al-Assad, a solidifié sa présence avec des bases permanentes à Tartous (navale) et Khmeimim (aérienne), tandis que sa flotte de la mer Noire continue de constituer une menace importante pour l'Ukraine dans la mer Noire et un risque accru pour les alliés de l’OTAN en Méditerranée et dans les mers voisines. En Libye, la Russie soutient depuis 2015 le maréchal Khalifa Haftar (un acteur non légitimé par l’ONU), employant des mercenaires de Wagner pour soutenir ses forces, diversifiant leurs activités pour inclure des efforts militaires, politiques et de désinformation.
Parallèlement, la Russie a activement élargi ses liens diplomatiques et économiques avec les pays africains, comme en témoigne le sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg en juillet 2023. Cet engagement fait partie de la stratégie de Moscou visant à se présenter comme une alternative à l'influence occidentale, offrant soutien militaire et investissements économiques.
De plus, le « Forum des partisans de la lutte contre les pratiques contemporaines du néocolonialisme » organisé par le parti Russie Unie de Poutine reflète l’intention de la Russie de réaffirmer son influence en Afrique et de défier la domination occidentale.
L’instabilité de la région du Sahel, exacerbée depuis longtemps par les crises politiques et économiques et exploitée par les organisations terroristes, est devenue un foyer de luttes d’influence. Les efforts de Moscou pour promouvoir un ordre mondial plus multipolaire trouvent un écho en Afrique, un continent historiquement méfiant à l’égard de l’influence et des interventions occidentales. Ce sentiment s’est accéléré avec les récents coups d’État militaires au Mali, au Niger et au Burkina Faso, qui ont conduit à une alliance de défense soutenue par Moscou, l’« Alliance des États du Sahel» (AES), marquant un changement significatif dans les alliances géopolitiques de la région.
Pourquoi
les pays oscillants sont-ils importants ?
L’UE est confrontée à des défis nouveaux et importants en Afrique du Nord, une région historiquement alignée sur l’Occident mais désormais de plus en plus ciblée par la Russie. Les offres de soutien militaire et de partenariats économiques faites par Moscou à ces « pays oscillants » menacent l’influence, la sécurité et la gestion des migrations de l’UE.
L’éventuelle évolution vers la Russie pourrait créer un vide sécuritaire, permettre l’établissement de bases militaires russes et déstabiliser la région méditerranéenne. En outre, un tel réalignement pourrait affecter la sécurité énergétique de l’UE en perturbant les approvisionnements énergétiques de l’Afrique du Nord, tout en compliquant le contrôle des migrations et en augmentant les sensibilités politiques au sein de l’Union. Cette situation souligne l’importance pour l’UE d’accorder une plus grande attention à son flanc sud afin de protéger ses intérêts et de maintenir la stabilité régionale.
Même si l’engagement de l’UE envers l’Ukraine témoigne de son attachement aux principes et à la sécurité européens, il est essentiel de ne pas négliger le paysage géopolitique plus large. L'Afrique, en particulier l'Afrique du Nord et sa profondeur stratégique au Sahel est stratégiquement vitale et nécessite l’attention et l’engagement de l’UE et de l’OTAN. Bien que l’Alliance atlantique soit toujours confrontée à des préjugés historiques au sein de la population de nombreux pays arabes, son rôle peut s’avérer essentiel en soutenant une politique méditerranéenne de l’UE plus robuste.
Équilibrer les engagements à l’Est avec une approche proactive au Sud est essentiel pour construire des liens plus solides avec les pays africains afin d’atténuer l’influence croissante de la Russie, un objectif partagé par l’OTAN. Cette stratégie exige une combinaison d’efforts diplomatiques, économiques et sécuritaires, soulignant l’importance du continent pour l’avenir de l’Europe. Toute négligence pourrait entraîner des répercussions géopolitiques et sécuritaires majeures pour l’UE, soulignant la nécessité d’une politique étrangère globale qui s’attaque aux défis immédiats et à long terme.
En conclusion, l’engagement de l’UE envers ses voisins du
sud, en particulier les « pays oscillants », doit transcender le simple soutien
financier aux régimes autoritaires, souvent en échange d’accords migratoires
infructueux. Bruxelles pourrait découvrir, avec les cas de la Tunisie ou de
l’Égypte, par exemple, que la Realpolitik consistant à donner du pouvoir aux
dirigeants autoritaires pourrait s’avérer de plus en plus inefficace pour
garantir la sécurité et la prospérité à leurs populations.
Ces cas, ainsi que d’autres, soulignent la nécessité urgente de réécrire maintenant et non en 2025 la boussole stratégique, signalant un changement de stratégie. Un tel soutien, en plus d'être contraire aux principes fondamentaux des valeurs européennes, échouent le plus souvent à garantir la prospérité économique, l’équité sociale et les réformes démocratiques, compromettant ainsi les objectifs plus larges de l’UE dans la région, en particulier contre les infiltrations autoritaires russes.
En outre, il est impératif que les États membres de l’UE, comme la France et l’Italie, adoptent une approche unifiée à l’égard de l’Afrique du Nord, notamment de la Libye, de l’Algérie et de la Tunisie. La pratique actuelle consistant à poursuivre des intérêts nationaux divergents est hautement contreproductive, car elle sape les efforts collectifs européens visant à contrer l’influence russe et à stabiliser la région.
Une stratégie européenne cohérente, combinant soutien économique, engagement politique et mesures de sécurité sociale, est cruciale pour contrer l’expansion du militarisme russe.
Dans cet effort, l’UE n’est pas seule car l’OTAN, après plus d’une décennie de relative négligence, est engagée dans une réflexion sur son flanc sud, qui pourrait être publiée prochainement.
Évidemment l’OTAN souhaite se soucier davantage de ses anciens et peut-être aussi de ses nouveaux partenaires dans le Golfe, en renforçant d’abord la dimension politique du dialogue, puis en proposant des menus de collaboration pratiques et personnalisés avec chaque pays. Une collaboration ad hoc avec l’UE, structurée par le mécanisme Berlin+ bien établi, est possible si les intérêts politiques convergent vers une entreprise spécifique. Le fait que les adhésions se chevauchent largement ne devrait pas donner une fausse impression de facilité dans la prise de décision : les ambassadeurs auprès de l’UE représentent des intérêts différents de ceux de leurs collègues de l’OTAN.
En calibrant à nouveau son orientation entre l’Est et le Sud, en tenant particulièrement compte des « pays oscillants » qui jouent un rôle central dans l’équilibre géopolitique, l’UE peut renforcer la sécurité des frontières, faire progresser les valeurs démocratiques et contrecarrer fermement un adversaire stratégique clé. La sécurité et la prospérité de l’Europe sont intrinsèquement liées à sa capacité à fonctionner de manière globale et cohérente, en reconnaissant l’interdépendance de ses défis et en tirant parti des opportunités de renforcement mutuel avec ses voisins et partenaires. ■
● Ghazi
Ben Ahmed - Fondateur et
Président de l'Initiative Méditerranéenne de Développement, Tunis
Ghazi Ben Ahmed est le fondateur et président de l'Initiative pour le Développement de la Méditerranée, un Centre de Réfléxion indépendant basé en Tunisie, né en 2013. Il a également créé le premier bureau du Fond Marshall américain - allemand en Tunisie et a dirigé l'initiative américaine « Partenariat MENA pour la démocratie et Développement". Il est également le fondateur et a été Secrétaire Général du Club de Tunis, ainsi que le coordinateur national de l’initiative américaine LEND – « Leaders Engaged in New Democracies ». Auparavant, il était l'expert commercial principal à la Banque africaine de développement (BAD), en charge du bureau de Réponse Bancaire à la crise financière en coordination avec le G20, l'OMC et la Banque mondiale. Auparavant, il était conseiller principal à la CNUCED, dans la division Afrique et PMA. Il a aussi travaillé pendant près de 10 ans à la Commission européenne à Bruxelles, dans plusieurs directions générales.
● Andrea
Cellino – Membre Senior à l’Institut de Suisse pour
le Moyen-Orient et cadre en résidence au Centre de politique de sécurité -
Genève
Andrea Cellino est Membre Senior à l’Institut de Suisse pour le Moyen-Orient et cadre en résidence au Centre de politique de sécurité de Genève. Il a été chef du bureau Afrique du Nord au Centre de Genève pour la gouvernance du secteur de la sécurité (DCAF), de 2015 à 2023, gérant les opérations en Égypte, Libye, Maroc et Tunisie. Avant de rejoindre le DCAF, M. Cellino a passé six ans à diriger des travaux de terrain pour le OSCE dans les Balkans et en Ukraine. Auparavant, il était secrétaire général adjoint chargé de la politique au sein de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN à Bruxelles, dirigeant les programmes de sensibilisation de l’Autorité palestinienne auprès des parlements dans la région MENA et en Europe de l’Est. Il est membre du conseil scientifique de la Fondation College de Défense de l’OTAN.
REPONSE — CRITIQUE FINALE
« L'erreur de l’OTAN et l’impératif moral d'une Libye au centre des équilibres méditerranéens »
Par Nino G. Mucci, activiste indépendant pour les Droits Humains
Bien
que les observations portées en avant par les deux experts Ben Ahmed et Cellino , qui ont publié pour le College de la Défense de l’OTAN,
soient correctes et précieuses pour saisir la situation de crise
géopolitique autour de la Tunisie —situation causée par le comportement à
la fois erratique et provocateur du président tunisien Saïed, à cause
de ses préjugés idéologiques combinés à une dose d’opportunisme machiavélique— on
notera l’absence de considération du problème libyen, qui est d’une portée énorme pour
la stabilité régionale MENA et tout particulièrement pour le pays qui
est son proche « voisin » à l'ouest.
La question libyenne, examinée moralement sur la base des crimes contre l’humanité et de guerre dont le leader de la Jamahiriya, feu Mouammar Kadhafi, fut faussement accusé, avec d’autres responsables libyens, nous ramène à un renversement ethique objectif de la position d’analyse, basée sur des faits concrets et sur la situation actuelle elle-même qui sanctionne sans équivoque la direction et les forces de l’OTAN.
Celles-ci — à
partir au moins du sombre janvier 2011— ont constitué l’élément de frappe
essentiel dans un vaste complot et dans un plan dévastateur criminel, avec le
concours de plusieurs grands acteurs internationaux, dont les plus visibles
sont le président états-unien Barak Husayn Obama et sa secrétaire d’Etat Hillary
Clinton, mais aussi —avec la partie active de la France de Sarkozy et la
Grande Bretagne de Cameron— la
Confrérie islamiste, la Turquie, le Qatar et enfin, mais pas de la moindre
importance, l’Iran.
Le Professeur allemand Henner Fuertig est
un historien qui a écrit en 2014 un chapitre significatif à ce sujet : «L’Iran
: gagnant ou perdant du printemps arabe ?» dans une monographie dédiée à
une histoire géopolitique moderne du Moyen Orient [1] où y détaille des éléments confortant ma propre
reconstruction.
Cet historien qui ne peut pas être
considéré pourfendeur du régime khomeyniste, car au contraire il s’efforce dans
la flatterie de présenter la révolution iranienne de 1979 comme -je le cite «
l’une des rares révolutions de masse authentiques de l’époque moderne » (ce qui
n’est qu’une facétie dénuée par une ample documentation), nous dévoile donc
quasi naïvement les mécanismes du complot subversif de ce qu’on appelle dans une
sorte de «code démagogique » Arab Spring ou « printemps
arabe ». Le Prof. Fuertig a souligné que la chaîne de soulèvements partant
de la Tunisie et se déplaçant vers l’est avait une interconnexion certaine avec la propagande et
le traitement médiatique sous-jacents à cet événement qu’on a appelé le «
printemps arabe », comme si ces derniers avaient un sujet et un objectif communs.
Le 11 février 2011, au moment des célébrations à Téhéran pour l’anniversaire de la révolution iranienne, le guide suprême Khamenei en liesse s’adressait déjà à ses «frères dans la foi» en Tunisie et en Égypte, et déclarait en propagande que les événements qui se déroulaient dans leurs pays d’origine constituaient une «continuation naturelle de la révolution iranienne de 1979» et avaient «une signification particulière pour la nation iranienne» puisque, selon sa démagogie outrancière, ces événements étaient la même chose que le «réveil islamique», qui a porté «le résultat de la victoire de la grande révolution de la nation iranienne».
La tentative flagrante de vouloir exporter la soi-disant « révolution islamique » iranienne vers les pays arabes touchés par la vague de déstabilisation poussée par les parties en complot et l’OTAN devient -dans cette phase précoce- déjà d’une évidence irrefutable.
Le Prof. Fuertig écrit en effet :
«De telles
déclarations n’étaient généralement pas des expressions de sympathie ou de
reconnaissance du courage et de la détermination des manifestants en Tunisie et
en Égypte, mais plutôt la manifestation d’une ferme détermination à définir
exclusivement les révolutions comme un réveil islamique et à les forcer ainsi à
suivre une trajectoire qui a commencé avec la révolution iranienne de 1979».
Suivant cette explication et les raisons développées dans la continuation de l’étude du Pr. Fuertig, on peut voir que Khamenei revendiquait donc sournoisement la
suprématie de son idéologie, tout en s’appropriant des manifestations violentes,
des émeutes sanglants et de la déstabilisation subversive du monde
arabe à partir de la Tunisie, et en l’aggravant de ses néfastes conséquences jusqu’au présent.
L’attaque barbare du groupe terroriste
Hamas depuis Gaza, le 7 octobre 2023, ne fait que confirmer pleinement cette séquence
logique dans l’ordre du complot démarré depuis la Tunisie. Avec les événements
successifs, la déclaration de guerre de la part d’Israël, après le massacre de nombreux
civils pendant une festivité religieuse, a comporté la propagation du conflit
qui retourne finalement vers le lieu de son incitation principale, c’est-à-dire
l’Iran de Khamenei.
Mais dans tout cela, qui implique une tragédie pour l’humanité, une guerre de consommation à Gaza pour anéantir le groupe Hamas de la part d’Israël et ses développements militaires contre l’axe khomeyniste et ses affiliés régionaux ou proxies, on ne peut pas être dupe de la « naïveté stratégique » de l’OTAN dans ses propres responsabilités. J’insiste donc sur l’importance de la Libye comme pivot stratégique décisif et sur le rôle pernicieux de l’OTAN dans la région en 2011, qui a comporté l'éclosion du terrorisme djihadiste.
En effet l’imposition d’une « zone d’exclusion aérienne » par les forces de l’OTAN se terminait seulement après l’affreux assassinat du Guide libyen, dont la commande préalable ne devrait plus faire objet de doutes aujourd'hui. Le modèle néolibéral dans lequel l’OTAN devrait en principe encadrer son action, faussement définie « humanitaire » ne tient pas. La France, que historiquement s’est toujours engagée dans l’action militaire préventive contre les crimes d’atrocités de masse et les violations de droits humains, comme établi dans la doctrine « Responsabilité pour protéger » , adoptée par tous les membres de l’ONU au Sommet mondial de 2005, s’est retrouvée impliquée dans un flagrant abus et le massacre par bombardement des dizaines de milliers de civils, le chiffre outrepassant le 70 000 morts, sans compter les blessés et les invalides à vie, et les séquelles psychologiques pour les jeunes générations. Au total on a compté autours de 26,000 actions d’attaque aériennes et quasiment 10,000 bombardements dans l’espace de sept mois. C’était la Russie, aujourd’hui puissance diabolisée par l’action de propagande de l’OTAN à cause de l’ « aggression » sur l’Ukraine atlantiste, qui a introduit la résolution de cessez le feu en Libye auprès du conseil de sécurité de l’ONU, malgré le fait qu’elle n’était pas impliquée dans ces bombardements. Le cas libyen, avec la destruction planifiée de la Jamahiriya, constitue un précédent absolu en terme de prédation militaire collective injustifiée sur une nation souveraine, membre de l’ONU, la Libye étant la cible d’une puissante manipulation médiatique de masse, basée sur le mensonge et la calomnie.
C’est difficile d’ailleurs qu’une sérieuse autocritique sur la question libyenne, ou un aveu de culpabilité, puissent nous venir du sein d’une organisation ou structure partie de l’OTAN, tel le College de la Défense, ou de la part de ses éventuels collaborateurs externes. C’est donc le cas que je procède de ma part à l’exposition de ce problème crucial pour saisir les enjeux politiques, sociopolitiques et économiques, géopolitiques et militaires autours de la situation de défaillance étatique en Tunisie.
Etant donné la fonction tactiquement assumée par les comploteurs internationaux de faire de la Tunisie le «démarreur », suivant les légitimes aspirations à un système plus démocratique, leur plan dévastateur a été habilement camouflé en « révolution populaire » contre la dictature, mais sur une inférence progressive du « modèle » iranien et ce qui a été acté contre le Shah en 1979. L’appellation médiatiquement alléchante de « printemps arabe » se révèlera un leurre gigantesque et sanglant, et la Tunisie ne peut plus se dissocier du destin de la nation qui en réalité était la cible principale, la Libye de la Grande Jamahiriya Arabe, première victime du plan de destruction portée contre le rêve unificateur du martyr panafricain Mouammar Kadhafi.
Quelques exemples signifiant le déshonneur de l’aggression criminelle de l’OTAN contre la Jamahiriya libyenne, sur la base d’une « intervention humanitaire » fictive et montée par des médias manipulateurs, en premier lieu la chaine Al Jazeera : l’ordre secret signé par Obama en mars 2011 qui a autorisé l’action de support couvert par la CIA, aux« forces rebelles » qui n’étaient rien d’autres que les groupes terroristes d’al-Qaeda. Les mêmes groupes que les Etats-Unis juraient les années auparavant d’éliminer de l’Irak au Maghreb. L‘action de support à ces terroristes impliquait la fourniture des dizaines de milliers d'armes létales lourdes, des lance-roquettes et lance-missiles portatifs, « pour protéger la population civile » (notez l’absurdité de la communication schizophrène de l’administration Obama).
Cette situation m’avait poussé, en date 23 mai 2014, à écrire une lettre adressée au Commissariat UE à l'élargissement et à la politique de voisinage du Maghreb au sujet de la SITUATION EN LIBYE. Il y a 10 ans, avec une certaine prévoyance intellectuelle des futurs développements politiques, je faisais alors un diagnostic clair donc je reporte ici de suite quelques extraits de ma communication :
«... A l’état actuel des choses, avec une Libye plongée
depuis plusieurs années dans le chaos politique
et le marasme sécuritaire, on ne peut qu’être unanimes dans le constat de la
faillite politique complète de la mission humanitaire engagée par Nicolas Sarkozy en 2011, avec
une intervention militaire de l’OTAN massive,
énormément couteuse et politiquement contreproductive avec des dizaines de
milliers de morts parmi la population civile, et des opérations de chirurgie
géopolitique désastreuses, si on
considère les revendications à la création d’un califat islamiste en Cyrénaïque par des extrémistes djihadistes sous
la houlette de Doha. Pire, il y a eu des rumeurs en Tunisie, agitées par des
anciens responsables de la DST (sureté d’Etat), que des milices
djihadistes et salafistes dans la zone de Benghazi étaient sur le
point de préparer des attentats avec des avions
civils contre des zones touristiques en Tunisie, comme Djerba, mais potentiellement vers l’Egypte aussi.
L’arrestation en Tunisie, confirmée le
jeudi 22 mai par le ministère de l’Intérieur tunisien de 8 personnes, de
provenance libyenne, qui
étaient spécialisées dans la préparation d’attentat à la bombe, ne peut que
renforcer nos craintes quant à la
radicalisation du terrorisme, qui menaçait jusqu’aux semaines passées la zone nord-occidentale près
de la frontière algérienne (autour du Djebel Chaâmbi)... »
« Ce qu’il serait opiné
de faire, en vue de faciliter la réconciliation et la victoire des forces patriotes
en Libye, seules capables de reconstituer l’unité nationale, est de promulguer immédiatement une amnistie envers tous les Kadhafistes et procéder à la libération de Saif-al-islam Kadhafi,
injustement accusé de crimes de guerre, quand les milices djihadistes d’Ansar
Al-Charia et les terroristes d’Al-Qayda ont commis des atrocités inimaginables
contre la population civile et dans des centres de torture, principalement en
Cyrénaïque. Ce qui a poussé l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch à prendre position (4 octobre 2013) contre les condamnations à morts et plusieurs
irrégularités commises par les différentes cours de justice (civile et
militaire), pendant le mandat du CGN à Tripoli.
Je crois en outre que la Libye ne sortira jamais du chaos et des conflits des milices et entre tribus, sans la participation de la population qui est loyale aux principes de la Jamahiriya et à la mémoire du leader assassiné Mouammar al-Kadhafi. L’initiative du Gén. Haftar est précieuse et elle est digne d’être appuyée politiquement par l’Union Européenne, dans la mesure où elle garantira la réintégration politique des ex-loyalistes au leader Kadhafi et la réconciliation nationale, en éliminant les foyers de désordre et les groupes mercenaires d’inspiration djihadiste et terroriste. »
La réponse officielle de la part de
l’Union Européenne, signée par l’ambassadeur UE Bernard Savage, me donnait en
partie raison, mais maintenait la validité de la condamnation de la
Cour Pénale Internationale et son mandat d’arrestation à l’encontre des
dignitaires de la Jamahiriya Libyenne engagés dans la défense de leur pays et
de leur gouvernement face à un soulèvement djihadiste orchestré, ce qui ne peut pas surprendre en
connaissance du jeu de mécanismes européens alignés aux intérêts de
l’OTAN.
(Voir la reproduction avec mon emphase graphique ci-dessous).
Après la libération chanceuse de Saïf-al-islam Kadhafi de son
emprisonnement politique, nous avons pu constater à quel point cette Cour est politisée
et sous influence à la lumière récente de la condamnation infamante du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
C'est la même justice absurde qui ne veut pas enquêter les
facteurs et les dernières responsabilités qui ont produit délibérément un
conflit depuis l’attaque terroriste du Hamas sur le territoire israélien, le
massacre des civils totalement innocents et la prise d’otages. Une
planification djihadiste suspecte et pas encore éclaircie, qui voit encore une
fois la secte Ikhwan et le Qatar au centre
de négociations honteuses et répercutées en propagande
médiatique par Al Jazeera, l’antenne qatarie qu’Israël a sommé justement de
fermeture sur son territoire.
Après la création irréparable du CHAOS LIBYEN, on retrouvera le même agenda criminel quelques années plus tard en Afghanistan, pour arriver aux soi-disant «négociations de paix» à Doha, initiées par le président Trump, mais virées en un camouflet sanglant sous la responsabilité du successeur Democrat Biden, provoquant un détournement cynique et meurtrier des termes des accords (un échec cuisant) entre les Talibans et le gouvernement allié à Kaboul. Le reniement de la mission anti-terroriste occidentale provoquera le massacre des militaires afghans trahis et des civiles, en particulier les femmes, pris au piège élaboré par le Qatar -sanctuaire et financier de la confrérie islamiste- et avec la grande satisfaction du tyran Khamenei en Iran. Ce sont des tragiques événements qui m’ont poussé, dans ma révolte morale, à coller à Joe Biden, via Twitter, le « surnom social » de « Taliban-Joe, devenu rapidement viral.
Se focaliser sur la dérive de la Tunisie
de Kaïs Saïed et ses apparentes incohérences stratégiques sur le plan de la
« fidélité » à l’alliance atlantique, par rapport au Mémorandum
d’entente signé en 2015 (MoU John Carry/ Mohsen Marzouk) serait un décryptage myope des elements
géopolitiques et stratégiques du dilemme actuel.
Conscient que je suis que vouloir traiter exhaustivement la question n’est pas possible dans un brief exposé, ma critique se limite à une forme synthétique, en posant tout d’abord une simple question : pourquoi ne pas commencer par détecter et exposer les incohérences stratégiques de l’OTAN, face au désordre causé par des pays membres comme la Turquie, par exemple ? Cette Turquie foncièrement et agressivement islamiste qui a osé récemment menacer d’invahir même Israël, par une esbroufe « ottomane » d’Erdogan en évoquant les cas sanglants du Haut-Karabakh et de la Libye !
Je rappellerai le grave incident militaire maritime – en juin 2020
– provoqué par la Turquie au frais de la France, qui est aussi membre de l’OTAN, et impliqué dans le complot contre la Jamahiriya en 2011.
Neuf ans après, le 10 juin 2020, le navire de guerre Courbet
(une frégate) sous commandement OTAN, avait entamé la procedure d’inspection d’un
cargo turc suspecté de violer l’embargo de livraisons d’armes à la Libye. Ankara
y soutenait notoirement le gouvernement d’union nationale de Fayez el-Sarraj à
Tripoli contre les forces du général Haftar qui campaient à Benghazi et à l’Est,
appuyées par la Russie. Or, malgré sa procédure «légale», comme
insistait-on à Paris, le Courbet a été fixé à trois reprises
par le radar de conduite de tir des frégates turques qui escortaient le cargo,
l’obligeant ainsi à désister.
Incident
pas anodin du tout : «Il s’agit d’un acte extrêmement agressif», déclarait
alors Florence Parly, la ministre française des Armées. Au sein de la marine française, on insistait
également sur le caractère «exceptionnel» d’un tel incident
entre alliés de l’OTAN. Malgré sa prudence, le secrétaire général de l’Alliance
atlantique Jens Stoltenberg, à l’issue d’une réunion des ministres de la
défense de l’Alliance, est obligé d’ouvrir une « enquête » sur
l’incident concernant le Courbet et l’outrecuidance irrespectueuse manifestée
par les navires turques. Le fait que
bien huit États membres sur les trente de l’Alliance ont soutenu officiellement
les critiques françaises, dont un certain nombre de pays majeurs comme
l’Allemagne ou l’Italie comportait que l’OTAN est restée paralysée face à une telle situation: aucun mécanisme n’est prévu pour sanctionner un allié.
[2]
Par ce bref rappel, je souligne donc qu’avant le « problème tunisien » a bel et bien existé un « problème turc » au sein de l’Alliance atlantiste. Cela montre la multiplicité des influences de la Confrérie islamiste et son rattachement à l’agenda invasif et subversif de l’Iran de Khamenei.
Savoir examiner comment Kaïs Saïed imite le comportement de Reçep T. Erdoǧan avec le chantage sur la question migratoire, la tolérance envers les minorités religieuses mise en péril, et un soutien abject pour des groupes terroristes comme le Hamas, est important pour comprendre l’epaisseur de la question géopolitique qui se pose, après l’aggression djihadiste contre la Jamahiriya, sa destruction étatique en 2011 et la nouvelle recomposition de l’échiquer stratégique dans la région treize ans plus tard.
Justement, le journaliste Nicolas Barotte pour Le Figaro met en exergue qu’il ne s’agit pas des seuls différends entre la Turquie et ses alliés de l'OTAN. Si Erdogan a voulu l’acquisition des missiles russes S400 rendant risquée l’interopérabilité des armements entre alliés, s'il a continué l’ offensive contre les milices kurdes alliées aux Occidentaux contre l'Etat Islamique-Daech, et porte la menace régulièrement contre l’Europe de «rouvrir les vannes de l’immigration» -que la Turquie contrôle depuis un accord conclu en 2016 avec l'UE, ces éléments peuvent également « inspirer » les déclarations malencontreuses et la « schizophrénie » tactique de Kaïs Saïed. L'apprenti dictateur de Carthage veut ainsi se montrer fictivement en position de force, faisant levier sur les profonds complexes antioccidentaux de la populace désœuvrée, des chômeurs et des marginalisés des grandes banlieues tunisiennes. Il essaie de contenir au même temps la pression sociale par sa démagogie et ses ahurissantes promesses « révolutionnaires ».
Mais jusqu’à quand ce jeu pourra tenir ? Les craquelages sécuritaires et les camouflets diplomatiques ne manqueront pas de se produire, tant les tensions montent et l’infiltration idéologique du khomeynisme se pursuit, comme a récemment écrit le journaliste Frédéric Bobin, correspondant à Tunis du Monde. [3]
Face à « l'effet
déstabilisant de la Turquie, dans sa relation avec la Libye », en juin
2020 le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis réagit avec sa première
visite à l'étranger, en Israël : une alliance énergétique s’était alors
forgée visant à exploiter le gaz en Méditerranée orientale. Si le volet
touristique de la coopération stratégique était bloqué par la crise du
coronavirus, une première entente militaire était actée, chose qui retournera
très important pour Israël dans la guerre à Gaza contre Hamas et comportant la possibilité
d’expansion de ce conflit, chose que la présidente du Conseil italien Meloni semble ne pas vouloir trop
considérer.
Une Libye déstabilisée, en outre, est un facteur de blocage stratégique pour la Tunisie.
A propos de la Libye, la
diplomate russe Anna Evstignièva, députée permanente pour la Fédération de
Russie au Conseil de Sécurité de l'ONU, a justement mis en exergue dans son
discours du 19 juin 2024 :
« Nous soulignons que la Libye a besoin d'un processus
d'unification, qui devrait être facilité par les positions consolidées de la
communauté internationale, avec l'ONU jouant un rôle central. Malheureusement,
aucun progrès n'a été réalisé sur ce plan jusqu'à présent, notamment en raison
des intérêts divergents des acteurs extérieurs, de l'efficacité insuffisante
des efforts de médiation internationale et de la volonté d'un certain nombre de
personnalités locales de maintenir la situation actuelle de quasi-désintégration
étatique.
La
convocation d'élections nationales devrait devenir la solution. Il faut continuer à
travailler pour résoudre les points litigieux de la législation électorale
convenue par les parlementaires libyens l'année dernière. Nous espérons que les
parties seront bientôt en mesure de parvenir à des accords mutuellement
acceptables à cet égard.
Nous sommes également convaincus que le scrutin en Libye ne doit pas être assorti de conditions supplémentaires et qu'il ne doit pas exclure les personnalités politiques bénéficiant d'un soutien important au sein de la population, y compris les représentants des anciennes autorités.»
Aussi la possibilité d’une nouvelle crise au sein de
l’OTAN, donnera plus d’impulsion à un nouveau Traité d’Organisation de Défense
concernant le bassin oriental de la Méditerranée, avec les alliées d’Israël
dans le Golfe. L’Union Européenne ne pourra plus hésiter à y faire part face à
un « blocage » venant du rivage sud de la Méditerranée.
Le « flanc Sud » de l’OTAN peut vraiment compromettre tous les équilibres et au même temps déterminer non seulement des nouvelles orientations, mais aussi des scissions et des nouvelles dénominations de Défense commune. Et cela, Kais Saied, d’une manière ou de l’autre, devra vite l’apprendre.
Nino G. Mucci
[1] Henner Fürtig, “Iran: Winner or Loser of the Arab Spring?”, in Regional Powers in the Middle East, 2014, Ed.. H. Fürtig, pages 23-24.
[2] Voir : « L’Otan ouvre une enquête sur l’incident
du Courbet entre la France et la Turquie », La frégate
française a été ciblée à plusieurs reprises par des navires turcs en
Méditerranée. Par Nicolas Barotte | Le Figaro | 18 juin 2020.
[3] Frédéric Bobin, "Tunisie : la tentation iranienne de Kaïs Saïed", Le Monde |24 mai 2024.