Sunday, August 23, 2020

Antisémitisme et rhétorique antisioniste en Tunisie

Antisémitisme et rhétorique antisioniste en Tunisie 

- ou la cause désespérée des islamistes et leurs collabos de gauche, face à la marche de l’Histoire


Brève présentation du message de S.E. l’ambassadeur des Emirats Arabes Unifiés pour les Etats-Unis, avec des extraits en traduction française. |  Par Nino G. Mucci

Depuis l’annonce éclatante des accords de paix et normalisation entre les Emirats arabes unis et Israël, on assiste à un remous médiatique sans égal, dans la sphère mondiale, avec des expressions radicalement opposées d’approbation, de sympathie, de félicitation, d’un coté ; et de l’autre, de réprobation, de haine et d’accusations insultantes.

 En Tunisie, mon pays de séjour et d’étude, on assiste plutôt à un déchaînement monolithique et programmatique de dénigrement et d’appel au boycott, un discours idéologique quasi totalitaire et sans nuances y retentit, des déclarations tonitruantes qui semblent l’écho de l’ère du credo imposé stalinien ou maoïste.  Demande pressante de coupure des relations avec les Emirats arabes unis, mais pas avec les Etats-Unis évidemment, qui pourtant ont coopté à haut niveau et à haute voix, par le président Trump, cette normalisation… Pas d’égal traitement démagogique non plus pour l’Egypte ou la Jordanie, qui sont arrivés à la même décision après des guerres coûteuses en vies humaines, et des déchirures profondes… Dans la confusion du nationalisme arabe et le choc du gauchisme outrancier –autre fois représenté par un Hamma Hammami excellent antisioniste verbal– pas de solution en vue pour la cause palestinienne. Oublié le sage pragmatisme du leader et fondateur de  la nation, Habib Bourguiba, ses statues campent en fonction anti-occidental selon les désirs revanchards du parti-vitrine de la Confrérie des hypocrisies islamistes…

 

Le 13 août 2020, lorsque le président des Etats-Unis Donald Trump commente l’accord de paix qui va « transformer la région en stimulant la croissance économique, en renforçant l'innovation technologique et en forgeant des relations plus étroites entre les peuples », selon une déclaration officielle, et après que le Premier israélien Netanyahou ait promis de son coté:  «Ensemble, nous pouvons apporter un avenir merveilleux », que ce passe-t-il par contre sur la scène politique tunisienne, par des gesticulations médiatiques asymétriques ?

Grogne, vitupération, une posture de refus qui ne veut rien entendre ou laisser espérer –une posture certes non assumée officiellement par le président Kaïes Saïed ou le chef du gouvernement, mais qui ne laisse présumer rien de constructif sur le plan social …  Une autre marche «glorieuse » sur l’avenue de la Liberté à Tunis, en passant devant l’historique synagogue, tout en chantant le slogan affreux de « morts aux Juifs », crié sauvagement par les amis de Khaled Mechaal et de Ismaïl Hanyeh, leaders du parti pro-terroriste Hamas, et invités « pour l’occasion » par le parti « très démocratique » Ennahdha ?

  

Il semblerait de plus que ce discours d’exclusion et de condamnation programmé, chantage permanent aux citoyens plus paisibles et aux jeunes demandant l’émancipation économique, émane de la lecture idéologique de la Constitution tunisienne de janvier 2014, qui conserve toutes les controverses juridiques sur le plan des droits et des conventions internationales, sans aucune référence claire à la Déclaration Universelle des Droits Humains (D.U.D.H., Genève 1948 -comme c’était le cas pourtant sous la dictature de Ben Ali, avec la Constitution amendée en 2002 et 2008). Car c’est cela, justement, le fruit amère de la manipulation que les islamistes y ont introduit en 2014 par la mainmise de la Constituante et le mépris absolu des notes – si précieusement demandées pour conseil juridique bénévole – de la Commission de Venise… 

 On doit comprendre que ce qui est plus sollicité actuellement face à l’événement honni, par les parties en agitation, de la normalisation diplomatique entre l’Etat d’Israël et les E.A.U., serait le "droit fondamental" de la haine, haine du sionisme et haine de Juifs (choses qui s’apparentent étroitement, malgré le déni et les précautions linguistiques) : et dans ce cas évidemment, la haine d’un accord de paix, qui peut mettre de coté sionisme, baathisme, socialisme et nationalismes opposés, les « normaliser » à travers le dialogue et le respect,  pour construire une nouvelle humanité.   

 Ces parties en agitation, ayant depuis longtemps « normalisé » leurs relations avec l’Entité khomeyniste, ou le régime de mollahs au pouvoir en Iran, qui se traduit dans la plus horrible dictature terroriste dans le Moyen Orient,  sont donc en parfait accord de GUERRE, ou bien simplement d’accord sur sa continuation infructueuse, si ce n’est pas pour le commerce meurtrier d’armes et de terroristes (phénomène éclatant en Tunisie, avec l’apparition au grand jour de l’organisation « de l’Etat Islamique » ou Daîch, et le premier déploiement « historique » de son drapeau noir le jour de l’attaque à l’ambassade des Etats-Unis, en 2012).

 

Embarrassés et sincèrement navrés par tel état de chose et surtout par l’hystérie d’agitation médiatique si habilement entretenue par les parties agitatrices, des ‘autres’ communs citoyens,  individus et personnalités, dissidents ou sceptiques quant à la validité de cette méthode de « soutien à la cause palestinienne », n’oseront peut-être jamais de tenter d’exprimer leurs objections, dans la crainte des avalanches d’insultes barbares et de déclarations de « traîtrise » systématique à ce « droit sacré » à la haine, instauré à un niveau très officiel, semble-t-il, dans l’Assemblée de Représentants, le parlement, (pas vraiment « populaire » comme il se dit)  et dans la chefferie de la centrale syndicale, l’UGTT ; sans dire des partis politiques qui y font leurs lobbys.

 Sans aucune chance, peut-être, de pouvoir changer la donne, mais dans un souci humain de donner une voix démocratique aux dissidents d’un tel système ou imposture démagogique, tel que franchement je la vois, je voudrais traduire en français le message très original de M. Youssef Al-Ottaiba, Ambassadeur des E.A.U. pour les Etats-Unis, parce que son discours –pour la première fois publié dans un média israélien (Y-Net)  par un cadre émirati – peut donner des arguments valides à ceux qui osent espérer un accord de paix définitif face à un conflit interminable, et surtout parce que son discours risquerait d’être inaudible pour les nombreux jeunes tunisiens qui se trouvent confrontés à une déception « révolutionnaire » sans pareil dans l’histoire de la Tunisie et du Maghreb arabe et vivent quotidiennement la tentation du départ précipité et de l’abandon de leur patrie, au risque et péril pour leurs jeunes vies et avec le deuil de leurs familles.

 

* * *



 Shalom, salaam et bienvenue 

 Cette semaine, les Émirats arabes unis et Israël ont annoncé un accord pour normaliser leurs relations et déverrouillé une porte vers un avenir meilleur au Moyen-Orient. Nous avons également fermé la porte à l’annexion et créé une nouvelle dynamique dans le processus de paix. C'est une victoire importante pour la diplomatie et pour les habitants de la région.


 Alors qu'est-ce que cela signifie pour les Emiratis et les Israéliens et pour les habitants de la région? En tant que deux des économies les plus dynamiques du Moyen-Orient et des sociétés dynamiques, des liens plus étroits entre les Émirats arabes unis et Israël accéléreront la croissance et l'innovation, élargiront les opportunités pour les jeunes et briseront les préjugés de longue date.

 Ceci contribuera à faire passer la région d'un héritage troublé d'hostilité et de conflits à un destin de paix et de prospérité plus prometteur. ... De toute urgence, nous avons annoncé de nouveaux efforts de coopération pour lutter contre le coronavirus.


... Les plans à court terme comprennent également des discussions sur les voyages aériens, les télécommunications et la navigation; collaboration sur la santé, l'eau et la sécurité alimentaire, le changement climatique, la technologie et l'énergie; échanges culturels et éducatifs; et des visites au niveau ministériel. Un échange d'ambassadeurs et de missions diplomatiques suivra.

 Nos deux gouvernements commenceront également à travailler sur l'accès réciproque des visas pour les touristes, les étudiants et les hommes d'affaires. Avec des vols directs, nos compagnies aériennes de renommée mondiale offriront un accès rapide aux Émirats arabes unis et au-delà à pratiquement toutes les principales destinations du monde.


 Et alors que nous progressons contre le coronavirus, nous sommes impatients d'accueillir des Israéliens pour visiter leur pavillon et plus de 100 autres lors de l'Exposition universelle de Dubaï en octobre prochain.

 Il y a aussi le Louvre Abu Dhabi, la Grande Mosquée Sheikh Zayed, le Grand Prix d'Abu Dhabi, le plus grand centre commercial et le plus haut bâtiment du monde, de vastes déserts et de belles plages et bien d'autres choses à faire et à voir dans tous les Emirats. Nous attendons avec impatience le jour où les Israéliens pourront visiter.

 Déjà centre de capital-risque, de start-up et de médias pour le Golfe, les EAU attendent des liens plus étroits avec les secteurs de la technologie et du contenu numérique israéliens.

 Le savoir-faire et l'expérience des EAU en tant que leader mondial de l'énergie offrent à Israël le potentiel d'une collaboration régionale plus approfondie. Et pas seulement dans le domaine des hydrocarbures - les EAU sont parmi les plus grands et les moins chers producteurs d’énergie solaire et d’autres sources d’énergie alternatives.

La communauté religieuse des habitants et des expatriés des Émirats arabes unis, déjà la plus diversifiée et la plus accueillante de la région, est impatiente de visiter Israël et de tisser des liens plus profonds, de s’asseoir ensemble à un Seder de Pâque, un iftar du Ramadan ou un dîner de Noël.

Et nous sommes bien sûr impatients d'accueillir les Israéliens pour visiter et adorer au Centre Abrahamique qui sera bientôt construit à Abu Dhabi, un complexe multiconfessionnel qui comprendra une mosquée, une église et une synagogue co-localisées.

Il y a beaucoup à espérer. Comme je l'ai écrit dans mon commentaire en juin, ce sont les avantages de meilleures relations.

 Dans le même temps, notre région reste en grande agitation. La faiblesse de la gouvernance, le sectarisme et l'ingérence régionale créent les conditions de la tragédie et du conflit. L'expansionnisme islamiste de tous bords incite à l'extrémisme et sape la stabilité.  Des siècles de malentendus et des décennies de méfiance animent l'agression.

 Avec notre percée, les Émirats arabes unis et Israël ont choisi la diplomatie et la coopération comme moyen privilégié pour relever ces défis. Avec les États-Unis, nous travaillerons également ensemble pour renforcer notre sécurité collective.

 Une meilleure prise de conscience et des capacités améliorées pour faire face aux risques et aux dangers sont rassurants et pondérés. Cela permettra une réflexion politique et un dialogue régional plus intensifs. Le but ultime est d'encourager une nouvelle réflexion sur l'ordre régional, de créer un état d'esprit plus optimiste et de désamorcer les tensions.


 Le résultat le plus immédiat et le plus significatif de l’annonce d’aujourd’hui est peut-être la décision d’Israël d’accepter un résultat négocié, de rejeter une action unilatérale et de suspendre ses plans d’annexion du territoire palestinien.

 Cela crée du temps et de l'espace, de nouvelles dynamiques et de l'énergie pour le processus de paix. Il maintient la viabilité d'une solution à deux États approuvée par la Ligue arabe et la communauté internationale. Il renforce la stabilité de la Jordanie et réaffirme son importance dans les initiatives futures.

 Dans cet esprit, les Emirats arabes unis resteront un partisan ardent et constant du peuple palestinien - pour sa dignité, ses droits et leur propre État souverain. Ils doivent partager les avantages de la normalisation.

 Comme nous le faisons depuis cinquante ans, nous défendrons avec force ces fins.

 Désormais, nous le ferons directement, face à face et dotés de moyens d'incitation, d'options politiques et d'outils diplomatiques plus solides.

 Pour certains, ce conflit insoluble et les nombreux autres dans notre quartier ne seront pas résolus en un instant. Mais il ne sera jamais résolu par une violence sans fin ou par les mêmes chemins sans issue. Le potentiel de la région, les espoirs de sa population, se perd.

Dans l'endroit le plus tumultueux du monde, les Émirats arabes unis et Israël tenteront désormais de défier ce sort.   Jeunes pays, nous avons respecté nos traditions mais nous n'avons pas été limités par elles.  Chacun de nous a construit une société moderne et tournée vers l'avenir en labourant à travers le sable et par la persévérance.

 

Jusqu'à présent, cependant, le voisinage a été largement séparé, une clôture le traversant.

Cette semaine, la porte a été ouverte. Et ensemble, les Emiratis et les Israéliens vont maintenant la franchir.

 Comme tous les voyages, il y aura des découvertes et des difficultés. Parfois, nous pourrons même discuter de la direction.

 Mais la destination est plus claire et plus sûre que jamais - un Moyen-Orient plus pacifique, prospère et plein d’espoir.

 

 Youssef Al Ottaiba