Depuis
l’annonce éclatante des accords de paix et normalisation entre les Emirats arabes
unis et Israël, on assiste à un remous médiatique sans égal, dans la sphère
mondiale, avec des expressions radicalement opposées d’approbation, de sympathie,
de félicitation, d’un coté ; et de l’autre, de réprobation, de haine et d’accusations
insultantes.
En
Tunisie, mon pays de séjour et d’étude, on assiste plutôt à un déchaînement monolithique
et programmatique de dénigrement et d’appel au boycott, un discours idéologique quasi totalitaire et sans nuances y retentit, des déclarations tonitruantes qui
semblent l’écho de l’ère du credo imposé stalinien ou maoïste. Demande pressante de coupure des relations
avec les Emirats arabes unis, mais pas avec les Etats-Unis évidemment, qui
pourtant ont coopté à haut niveau et à haute voix, par le président Trump,
cette normalisation… Pas d’égal traitement démagogique non plus pour l’Egypte
ou la Jordanie, qui sont arrivés à la même décision après des guerres coûteuses
en vies humaines, et des déchirures profondes… Dans la confusion du
nationalisme arabe et le choc du gauchisme outrancier –autre fois représenté
par un Hamma Hammami excellent antisioniste verbal– pas de solution en vue pour
la cause palestinienne. Oublié le sage pragmatisme du leader et fondateur de la nation, Habib Bourguiba, ses statues
campent en fonction anti-occidental selon les désirs revanchards du
parti-vitrine de la Confrérie des hypocrisies islamistes…
Le
13 août 2020, lorsque le président des Etats-Unis Donald Trump commente l’accord de paix qui va « transformer la région en stimulant la
croissance économique, en renforçant l'innovation technologique et en forgeant
des relations plus étroites entre les peuples », selon une déclaration officielle, et après que le Premier
israélien Netanyahou ait promis de son coté: «Ensemble, nous pouvons
apporter un avenir merveilleux », que ce passe-t-il par contre sur la scène
politique tunisienne, par des gesticulations médiatiques asymétriques ?
Grogne,
vitupération, une posture de refus qui ne veut rien entendre ou laisser espérer
–une posture certes non assumée officiellement par le président Kaïes Saïed ou
le chef du gouvernement, mais qui ne laisse présumer rien de constructif sur le
plan social … Une autre marche «glorieuse »
sur l’avenue de la Liberté à Tunis, en passant devant l’historique synagogue,
tout en chantant le slogan affreux de « morts aux Juifs », crié
sauvagement par les amis de Khaled Mechaal et de Ismaïl Hanyeh, leaders du
parti pro-terroriste Hamas, et invités « pour l’occasion » par le
parti « très démocratique » Ennahdha ?
Il
semblerait de plus que ce discours d’exclusion et de condamnation programmé,
chantage permanent aux citoyens plus paisibles et aux jeunes demandant
l’émancipation économique, émane de la lecture idéologique de la Constitution tunisienne de janvier 2014, qui conserve toutes les controverses juridiques sur
le plan des droits et des conventions internationales, sans aucune référence
claire à la Déclaration Universelle des Droits Humains (D.U.D.H., Genève 1948 -comme
c’était le cas pourtant sous la dictature de Ben Ali, avec la Constitution amendée
en 2002 et 2008). Car c’est cela, justement, le fruit amère de la manipulation
que les islamistes y ont introduit en 2014 par la mainmise de la Constituante
et le mépris absolu des notes – si précieusement demandées pour conseil
juridique bénévole – de la Commission de Venise…
On
doit comprendre que ce qui est plus sollicité actuellement face à l’événement
honni, par les parties en agitation, de la normalisation diplomatique entre
l’Etat d’Israël et les E.A.U., serait le "droit fondamental" de la haine,
haine du sionisme et haine de Juifs (choses qui s’apparentent étroitement,
malgré le déni et les précautions linguistiques) : et dans ce cas
évidemment, la haine d’un accord de paix, qui peut mettre de coté sionisme,
baathisme, socialisme et nationalismes opposés, les « normaliser » à
travers le dialogue et le respect, pour
construire une nouvelle humanité.
Ces
parties en agitation, ayant depuis longtemps « normalisé » leurs
relations avec l’Entité khomeyniste, ou le régime de mollahs au pouvoir en Iran, qui se traduit dans la plus horrible dictature terroriste dans le Moyen Orient, sont donc en parfait accord de
GUERRE, ou bien simplement d’accord sur sa continuation infructueuse, si ce
n’est pas pour le commerce meurtrier d’armes et de terroristes (phénomène
éclatant en Tunisie, avec l’apparition au grand jour de l’organisation
« de l’Etat Islamique » ou Daîch, et le premier déploiement
« historique » de son drapeau noir le jour de l’attaque à l’ambassade
des Etats-Unis, en 2012).
Embarrassés
et sincèrement navrés par tel état de chose et surtout par l’hystérie
d’agitation médiatique si habilement entretenue par les parties agitatrices,
des ‘autres’ communs citoyens, individus
et personnalités, dissidents ou sceptiques quant à la validité de cette méthode
de « soutien à la cause palestinienne », n’oseront peut-être jamais
de tenter d’exprimer leurs objections, dans la crainte des avalanches
d’insultes barbares et de déclarations de « traîtrise » systématique
à ce « droit sacré » à la haine, instauré à un niveau très officiel,
semble-t-il, dans l’Assemblée de Représentants, le parlement, (pas vraiment
« populaire » comme il se dit)
et dans la chefferie de la centrale syndicale, l’UGTT ; sans dire
des partis politiques qui y font leurs lobbys.
Sans
aucune chance, peut-être, de pouvoir changer la donne, mais dans un souci
humain de donner une voix démocratique aux dissidents d’un tel système ou
imposture démagogique, tel que franchement je la vois, je voudrais traduire en
français le message très original de M. Youssef Al-Ottaiba, Ambassadeur des
E.A.U. pour les Etats-Unis, parce que son discours –pour la première fois
publié dans un média israélien (Y-Net)
par un cadre émirati – peut donner des arguments valides à ceux qui osent
espérer un accord de paix définitif face à un conflit interminable, et surtout
parce que son discours risquerait d’être inaudible pour les nombreux jeunes
tunisiens qui se trouvent confrontés à une déception
« révolutionnaire » sans pareil dans l’histoire de la Tunisie et du
Maghreb arabe et vivent quotidiennement la tentation du départ précipité et de
l’abandon de leur patrie, au risque et péril pour leurs jeunes vies et avec le deuil de leurs familles.
* * *
Shalom,
salaam et bienvenue
Cette semaine, les Émirats arabes unis et Israël ont
annoncé un accord pour normaliser leurs
relations et déverrouillé une porte vers un avenir meilleur au Moyen-Orient.
Nous avons également fermé la porte à l’annexion et créé une nouvelle dynamique
dans le processus de paix. C'est une victoire importante pour la diplomatie et
pour les habitants de la région.
Alors qu'est-ce que cela signifie pour les Emiratis et les
Israéliens et pour les habitants de la région? En
tant que deux des économies les plus dynamiques du Moyen-Orient et des sociétés
dynamiques, des liens plus étroits entre les Émirats arabes unis et Israël
accéléreront la croissance et l'innovation, élargiront les opportunités pour
les jeunes et briseront les préjugés de longue date.
Ceci contribuera à faire passer la région
d'un héritage troublé d'hostilité et de conflits à un destin de paix et de
prospérité plus prometteur. ... De toute urgence, nous
avons annoncé de nouveaux efforts de coopération pour lutter contre le coronavirus.
... Les plans à court terme comprennent
également des discussions sur les voyages aériens, les télécommunications et la
navigation; collaboration sur la santé, l'eau et la sécurité alimentaire, le
changement climatique, la technologie et l'énergie; échanges culturels et
éducatifs; et des visites au niveau ministériel. Un échange d'ambassadeurs et
de missions diplomatiques suivra.
Nos deux gouvernements commenceront
également à travailler sur l'accès réciproque des visas pour les touristes, les
étudiants et les hommes d'affaires. Avec des vols directs, nos compagnies aériennes de renommée mondiale offriront un accès rapide aux Émirats arabes
unis et au-delà à pratiquement toutes les principales destinations du monde.
Et alors que nous progressons contre le coronavirus, nous
sommes impatients d'accueillir des Israéliens pour visiter leur pavillon et
plus de 100 autres lors de l'Exposition universelle de Dubaï en octobre
prochain.
Il y a aussi le Louvre Abu Dhabi, la Grande Mosquée Sheikh Zayed, le Grand Prix d'Abu Dhabi, le plus grand centre commercial et le plus
haut bâtiment du monde, de vastes déserts et de belles plages et bien d'autres
choses à faire et à voir dans tous les Emirats. Nous attendons avec impatience
le jour où les Israéliens pourront visiter.
Déjà centre de capital-risque, de start-up et de médias
pour le Golfe, les EAU attendent des liens plus
étroits avec les secteurs de la technologie et du contenu numérique israéliens.
Le savoir-faire et l'expérience des EAU en tant que leader
mondial de l'énergie offrent à Israël le
potentiel d'une collaboration régionale plus approfondie. Et pas seulement dans
le domaine des hydrocarbures - les EAU sont parmi les plus grands et les moins
chers producteurs d’énergie solaire et d’autres sources d’énergie alternatives.
La communauté religieuse des habitants et des expatriés
des Émirats arabes unis, déjà la plus diversifiée et la plus accueillante de la
région, est impatiente de visiter Israël et de
tisser des liens plus profonds, de s’asseoir ensemble à un Seder de Pâque, un
iftar du Ramadan ou un dîner de Noël.
Et nous sommes bien sûr impatients d'accueillir les
Israéliens pour visiter et adorer au Centre Abrahamique qui sera bientôt construit à Abu Dhabi, un complexe
multiconfessionnel qui comprendra une mosquée, une église et une synagogue
co-localisées.
Il y a beaucoup à espérer. Comme je l'ai
écrit dans mon commentaire en juin, ce sont les avantages de meilleures
relations.
Dans le même temps, notre région reste en
grande agitation. La faiblesse de la gouvernance, le sectarisme et l'ingérence
régionale créent les conditions de la tragédie et du conflit. L'expansionnisme
islamiste de tous bords incite à l'extrémisme et sape la stabilité. Des siècles de malentendus et des décennies de
méfiance animent l'agression.
Avec notre percée, les Émirats arabes unis et Israël ont
choisi la diplomatie et la coopération comme
moyen privilégié pour relever ces défis. Avec les États-Unis, nous travaillerons également ensemble pour renforcer
notre sécurité collective.
Une meilleure prise de conscience et des capacités
améliorées pour faire face aux risques et aux dangers sont rassurants et
pondérés. Cela permettra une réflexion politique
et un dialogue régional plus intensifs. Le but ultime est d'encourager une
nouvelle réflexion sur l'ordre régional, de créer un état d'esprit plus
optimiste et de désamorcer les tensions.
Le résultat le plus immédiat et le plus
significatif de l’annonce d’aujourd’hui est peut-être la décision d’Israël
d’accepter un résultat négocié, de rejeter une action unilatérale et de
suspendre ses plans d’annexion du territoire palestinien.
Cela crée du temps et de l'espace, de
nouvelles dynamiques et de l'énergie pour le processus de paix. Il maintient la
viabilité d'une solution à deux États approuvée par la Ligue arabe et la
communauté internationale. Il renforce la stabilité de la Jordanie et réaffirme
son importance dans les initiatives futures.
Dans cet esprit, les Emirats arabes unis resteront
un partisan ardent et constant du peuple palestinien - pour sa dignité, ses
droits et leur propre État souverain. Ils doivent partager les avantages de la
normalisation.
Comme nous le faisons depuis cinquante ans, nous
défendrons avec force ces fins.
Désormais, nous le ferons directement, face
à face et dotés de moyens d'incitation, d'options politiques et d'outils
diplomatiques plus solides.
Pour certains, ce conflit insoluble et les
nombreux autres dans notre quartier ne seront pas résolus en un instant. Mais
il ne sera jamais résolu par une violence sans fin ou par les mêmes chemins
sans issue. Le potentiel de la région, les espoirs de sa population, se perd.
Dans l'endroit le plus tumultueux du monde,
les Émirats arabes unis et Israël tenteront désormais de défier ce sort. Jeunes pays, nous avons respecté nos
traditions mais nous n'avons pas été limités par elles. Chacun de nous a construit une
société moderne et tournée vers l'avenir en labourant à travers le sable et par la persévérance.
Jusqu'à présent, cependant, le voisinage a été largement
séparé, une clôture le traversant.
Cette semaine, la porte a été ouverte. Et ensemble, les
Emiratis et les Israéliens vont maintenant la franchir.
Comme tous les voyages, il y aura des découvertes et des difficultés.
Parfois, nous pourrons même discuter de la direction.
Mais la destination est plus claire et plus sûre que
jamais - un Moyen-Orient plus pacifique, prospère et plein d’espoir.
Youssef Al Ottaiba