Thursday, February 28, 2013

LA JEUNESSE QUI SE RÉVOLTE ET QUI DANSE …



La danseuse Kiki de Montparnasse, par Man Ray, Paris  c.1926



 "Dada ne peut pas vivre à New York",  * Man Ray

(* Avec sa modèle, la chanteuse et danseuse Kiki de Montparnasse,  Man Ray grand acteur du dadaïsme à New York, et en suite initiateur du surréalisme à Paris, révolutionna l'art photographique.)


TUNISIE : LA JEUNESSE QUI SE RÉVOLTE ET QUI DANSE …


On est vraiment devant la véritable Révolution, qu’on écrira à lettre majuscules dans la Culture de la Tunisie?

La petite Révolution de la Jeunesse, une fleur véritablement printanière, que ce début de mars 2013 annonce sur la scène politique de la nouvelle Tunisie, n’est pas celle politisée, exploitée et rendue démagogique du 14 janvier, une révolution volée et spoliée par les forces obscurantistes qui ont surgi de l’ombre et ont affiché à la lumière du jour le complot qui se cachait dans le coup d’Etat, demi-populaire et demi-militaire, contre Ben Ali.

Nous y sommes. Il ne faut pas être un psychologue sur le modèle de Jung pour le saisir, pour en avoir le pouls. Quiconque ait une petite formation en sociologie, comprend que nous sommes au grand virage.  Et on peut encore se questionner si le triomphe emplâtré de l’islamisme, si éperdument recherché par des passéistes angoissés de l’évolution et de l’explosion de la communication et de l’information instantanée, ne soit pas la mort de l’islam traditionnel.

Le triomphe de l'islamisme en tant qu'idéologie provoquera la déchéance de l'Islam en tant que religion,  -Mezri Haddad, ancien Ambassadeur de Tunisie à l'UNESCO. (*)


Un philosophe tunisien l’a dit, avec la conscience et la lucidité que sa foi musulmane, optimiste pour la modernité et la reforme, lui inspire.  Ce n’est pas un hasard si Mezri Haddad a été le seul diplomate, qui, par un geste controverse et énigmatique, ai démissionné avant la « fuite » si médiatiquement voulue de l’ancien Président Ben Ali. Puis le grand film de la « transition politique » s’est déroulé sous les yeux incrédules des Tunisiens.  On  a voulu les convaincre que cette transition devait passer par la démarche islamiste, les femmes en niqab comme pseudo-symbole de « liberté » retrouvée pour amour de l’esclavagisme antiféministe et antihumaniste des pays du Golfe, qui n’ont pas manqué de récompenser les efforts du parti islamiste projeté au pouvoir… par des fusils de chasse destinés aux protestataires de Siliana.

Jusqu’à la conclusion de cette parabole vertueuse, comme les barbes des brûleurs des marabouts, et qui s’inspire d’autre gestes « permis en islam », comme l’assassinat d’un opposant, un héros de la liberté d’opinion, qualifié comme un « mécréant » par ce gens si disposés à l’amour du prochain qui déambulent armés de matraque et de couteaux  s’ils ne trouvent pas la mitrailleuse à bon marché.  

Les salafistes essaient de mobiliser contre cette danse qu'ils jugent "indécente". Ils se sont affrontés mercredi (27 février 2013) à Tunis à des étudiants.  - Le Point, avec AFP


La paranoïa islamiste, est arrivée au point de non-retour.  Symbolisée par la logomachie de l’appareil de pouvoir du parti En-nahda, un nom niaisement calqué sur un homonyme mouvement intellectuel et humaniste syro-libanais du XIX siècle, composé d’une fleuraison d’intellectuels chrétiens comme le célèbre Khalil Gibran et qui donc n'a rien à partager avec l’islamisme, cette paranoïa islamiste doit désormais faire le compte avec une jeunesse qui se rebelle et qui danse, au grand dam des violents persécuteurs des libertés humaines, démocratiques, artistiques, intellectuelles et religieuses que les salafistes redoutent.  La Tunisie, dans sa grande majorité, affiche le dégoût de la violence, qui assassine et censure,  par cette course à la liberté, insouciante de menaces et des armes qui circulent, et qui s’exprime par une jeunesse qui ne se laissera jamais enchaîner !

Cette petite note d’opinion se veut une célébration anticipée de la nouvelle Révolution, qui se démarquera par l’écartement du discours religieux comme aspect identitaire imposé par la vieille démagogie de révolution que le cheikh en veston Rached Ghannouchi emprunte (encore !) de l’image teigneuse d’un Khomeyni, symbole déchu qu'aucun aventurier politique songera à ressusciter en Tunisie.  Voulons-nous rigoler avec cette image ? Mais non, avec respect démocratique, nous dansons désormais, car la grande Victoire de la Liberté est certaine !
                                                                                                                   

Nino G. Mucci



Notes

* Mezri Haddad, interviewé par Chérif Abdedaïm dans La Nouvelle République, du 12 février 2013

No comments: