La danseuse Kiki de Montparnasse, par Man Ray, Paris c.1926
"Dada ne peut pas vivre à New York", * Man Ray
(* Avec sa modèle, la chanteuse et danseuse Kiki de Montparnasse, Man Ray grand acteur du dadaïsme à New York, et en suite initiateur du surréalisme à Paris, révolutionna l'art photographique.)
TUNISIE :
LA JEUNESSE QUI SE RÉVOLTE ET QUI DANSE …
On
est vraiment devant la véritable Révolution, qu’on écrira à lettre majuscules
dans la Culture de la Tunisie?
La petite Révolution de la Jeunesse, une fleur véritablement printanière, que ce début de mars 2013 annonce sur la scène
politique de la nouvelle Tunisie, n’est pas celle politisée, exploitée et
rendue démagogique du 14 janvier, une révolution volée et spoliée par les
forces obscurantistes qui ont surgi de l’ombre et ont affiché à la lumière du
jour le complot qui se cachait dans le coup d’Etat, demi-populaire et demi-militaire, contre Ben Ali.
Nous y sommes. Il ne faut pas
être un psychologue sur le modèle de Jung pour le saisir, pour en avoir le pouls. Quiconque
ait une petite formation en sociologie, comprend que nous sommes au grand
virage. Et on peut encore se questionner si le triomphe emplâtré de
l’islamisme, si éperdument recherché par des passéistes angoissés de
l’évolution et de l’explosion de la communication et de l’information
instantanée, ne soit pas la mort de l’islam traditionnel.
Le triomphe de l'islamisme en tant qu'idéologie provoquera la déchéance de l'Islam en tant que religion, -Mezri Haddad, ancien Ambassadeur de Tunisie à l'UNESCO. (*)
Un philosophe tunisien l’a dit,
avec la conscience et la lucidité que sa foi musulmane, optimiste pour la
modernité et la reforme, lui inspire. Ce
n’est pas un hasard si Mezri Haddad a été le seul diplomate, qui, par un geste
controverse et énigmatique, ai démissionné avant la « fuite » si
médiatiquement voulue de l’ancien Président Ben Ali. Puis le grand film de la
« transition politique » s’est déroulé sous les yeux incrédules des
Tunisiens. On a voulu les convaincre que
cette transition devait passer par la démarche islamiste, les femmes en niqab
comme pseudo-symbole de « liberté » retrouvée pour amour de l’esclavagisme
antiféministe et antihumaniste des pays du Golfe, qui n’ont pas manqué de
récompenser les efforts du parti islamiste projeté au pouvoir… par des fusils de
chasse destinés aux protestataires de Siliana.
Jusqu’à la conclusion de cette
parabole vertueuse, comme les barbes des brûleurs des marabouts, et qui
s’inspire d’autre gestes « permis en islam », comme l’assassinat d’un
opposant, un héros de la liberté d’opinion, qualifié comme un
« mécréant » par ce gens si disposés à l’amour du prochain qui
déambulent armés de matraque et de couteaux s’ils ne trouvent pas la
mitrailleuse à bon marché.
Les salafistes essaient de mobiliser contre cette danse qu'ils jugent "indécente". Ils se sont affrontés mercredi (27 février 2013) à Tunis à des étudiants. - Le Point, avec AFP
La paranoïa islamiste, est
arrivée au point de non-retour. Symbolisée
par la logomachie de l’appareil de pouvoir du parti En-nahda, un nom niaisement calqué sur un homonyme mouvement intellectuel et humaniste syro-libanais du XIX siècle, composé d’une fleuraison d’intellectuels chrétiens comme le célèbre
Khalil Gibran et qui donc n'a rien à partager avec l’islamisme, cette paranoïa islamiste
doit désormais faire le compte avec une jeunesse qui se rebelle et qui danse,
au grand dam des violents persécuteurs des libertés humaines,
démocratiques, artistiques, intellectuelles et religieuses que les salafistes
redoutent. La Tunisie, dans sa grande
majorité, affiche le dégoût de la violence, qui assassine et censure, par cette course à la liberté, insouciante de
menaces et des armes qui circulent, et qui s’exprime par une jeunesse qui ne se
laissera jamais enchaîner !
Cette petite note d’opinion se
veut une célébration anticipée de la nouvelle Révolution, qui se démarquera par
l’écartement du discours religieux comme aspect identitaire imposé par la
vieille démagogie de révolution que le cheikh en veston Rached Ghannouchi
emprunte (encore !) de l’image teigneuse d’un Khomeyni, symbole déchu
qu'aucun aventurier politique songera à ressusciter en Tunisie. Voulons-nous rigoler avec cette image ?
Mais non, avec respect démocratique, nous dansons désormais, car la grande
Victoire de la Liberté est certaine !
Nino G. Mucci
Notes
* Mezri Haddad, interviewé par Chérif Abdedaïm dans La Nouvelle République, du 12 février 2013
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